Thème 2014-2015 : La guerre (?)

Messages : 0

Inscription : 13 juil. 2014 17:44

Profil de l'utilisateur : Élève de lycée

Re: Thème 2014-2015 : La guerre (?)

Message par Prouesse » 05 déc. 2014 21:04

Bonsoir,

J'ai pris 30 minutes de ma matinée pour donner un début de réponse à ces questions. J'ai scindé les réponses : une pour chaque interrogation que vous soulevez, ce n'est pas la "manière" de procéder mais je ne prétends pas fournir une dissertation, juste des éléments de réponse assez succincts pour proposer un début de débat. Je précise que je n'ai pas encore fini Clausewitz (je tente de l'analyser paragraphe après paragraphe... et il est diablement riche ce livre !)

Question 1 : Peut on croire que la guerre est un moyen spécifique de dépouiller les hommes de leur liberté ?


J'ai trouvé votre terme "dépouiller" un peu fort. Probablement était ce voulu de votre part. Appuyons nous sur Clausewitz pour progresser dans l'argumentation. La guerre ne peut être prise seule, comme unité autonome. Elle ne constitue effectivement qu'un moyen qui vise à atteindre le dessein politique ; celui-ci constituant l'objectif initial du départ en guerre. Quel chef d'Etat utiliserait la guerre dans le seul but de dépouiller les hommes de leur liberté ? La réponse est évidente : très peu, voire aucun, d'autres moyens existant, plus efficaces, moins coûteux et moins ostentatoire. Mais la guerre peut avoir comme consquénces, indirectes, de prendre aux hommes une part de leur liberté. Au sens le plus commun d'abord : Barbusse nous retranscrit le quotidien des tranchées où il apparaît clair que ces hommes ne disposent plus d'une partie de leur liberté. Ils sont soumis à des ordres, qu'ils ne peuvent contester, sont dépendants d'un ravitaillement. J'écarte volontairement l'arrière, considérant dans cette première réponse uniquement le front. Corrigez moi si je me trompe.
Les hommes ne sont plus à considérer uniquement comme des entités individuelles mais comme un corps. Ce passage d'un volume microscopique où chaque homme apparait distinctement à un volume macroscopique où l'on ne voit plus que l'ensemble des soldats ne peut se faire sans perte de libertés individuelles. Chacun doit y sacrifier une part.

La guerre n'apparaît donc pas comme un "moyen spécifique" pour retirer aux hommes leur liberté, mais il s'agit d'une conséquence s'appliquant à une part importante de la population.

Question 2 : Doit un considérer un soldat prêt à sacrifier son souffle au nom de la victoire comme pure victime de la guerre ?

A partir du moment où un soldat entre en guerre, sa mort, dans un contexte "guerrier" le fait entrer dans cette catégorie, suscitant le respect (posthume certes) de ses compatriotes, de victime de la guerre. En témoigne ces nombreux monuments aux morts, à la gloire de ces hommes "morts pour la France" ou encore de cette "Tombe Du Soldat Inconnu". Ceci constitue le point de vue "officiel". Votre question induit et présuppose que ce soldat était prêt à mourir pour cette cause, acceptant par là que le tribut à payer pour la victoire était lourd. Il constitue ainsi une pure victime de la guerre.
Je rajoute une idée à laquelle je viens de penser puisque j'analysais Clausewitz tout à l'heure. Rappelons que la guerre n'est qu'un moyen pour parvenir à une fin politique. Un soldat mort en guerre constitue il seulement une victime de la guerre, ou d'une machine bien plus importante que ça ? Le côté épique s'envole si on l'associe uniquement à une fin politique, mais elle est néanmoins présente. A la manière d'un archéologue qui creuse, on remonte progressivement le fil : le soldat est mort en guerre, guerre elle même provoquée dans un dessein politique. Le soldat ne serait il pas alors une victime politique ? Une victime d'un projet qui engloberait la guerre ? Ceci est à chercher plus en profondeur.


Question 3 : Qu'est ce qui peut pousser un homme à s'engager dans la guerre ?

Les raisons sont diverses et la multitude de cas particuliers nous pousse à proposer un modèle simplifié des choses. Globalement, on peut distinguer deux catégories :
-Les hommes volontaires pour la guerre
-les autres, enrôlés contre leur volonté, réquisitionnés au nom de la sainte Patrie.

Dans cette dualité apparaît alors un lien avec la première interrogation. La deuxième catégorie de personne est ainsi privée de leur liberté de choix. Tandis que les premiers pour qui la guerre est un choix assumé, ne s'opposant pas à leur volonté, conserve ladite liberté.
Cette opposition est magnifique illustré par Eschyle. Les Perses mettent en scène cette opposition de façon hyperbolique : deux continents qui s'affrontent. Les Grecs se battent directement pour leur libertés, pour conserver leur sol ô combien fertile. A cela s'oppose les Perses, supérieurs en nombre et en puissance, guidés par Xerxès, despote perse, qui donnent des ordres à ses hommes sur lesquels ils disposent du droit de vie ou de mort "Si les Grecs réchappent au désastre, que chacun d'entre vous aient la tête tranchée".



Je vous interroge alors. Par guerre, il me semblait que vous entendiez uniquement le contexte militaire, le front. Corrigez moi si je me trompe.
Si tel est le cas, il me paraît alors important de nuancer ce propos, puisque la guerre ne peut être réduite à ça. Ce serait négliger les fins politiques, la gestion des ressources, les différentes stratégies....


P-S : Je ne suis absolument pas satisfait de mes réponses en l'état actuel.
P-S 2 : Vos questions très intéressantes méritent donc une réponse plus poussée de ma part.
PS3 (j'en vends une)
PS4 (je vais l'acheter)

Cordialement,
#OKLM

Répondre