Pour répondre à la discussion que nous avions eu il y a quelques jours, cet article est édifiant et inquiétant
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... t-pas-.php
article sur la réforme de l'université
Modérateur : David
Re: article sur la réforme de l'université
Dans tous les métiers, il y aura toujours des gens qui feront moins bien leur métier que d'autres, moins sérieusement. Ce n'est pas une raison pour "punir" tout le monde.
Le projet de réforme du statut des enseignants-chercheurs part peut-être d'une intention louable (il n'est pas absurde d'imaginer que ceux qui voudraient enseigner plus enseignent plus tandis que ceux qui voudraient chercher plus cherchent plus) mais pose de sérieux problèmes quant à la manière dont il serait mis en oeuvre.
Concernant l'évaluation : comment serait-elle mise en place ? Apparemment, il n'est pas prévu de créer d'instance chargée de s'en occuper (volonté du président de réduire le nombre d'instances administratives, ce qu'on ne peut qu'approuver... Bien que ce nombre ait plutôt augmenté depuis qu'il est au pouvoir ! Mais bon.) Ce sont donc les chercheurs eux-mêmes qui devront s'occuper d'évaluer leurs pairs (ce qui est déjà plus ou moins le cas actuellement, d'ailleurs, mais là, l'idée serait que l'évaluation se fasse à une fréquence plus régulière et avec des critères plus précis). Donc, en gros, plus de temps passer à évaluer, moins de temps à faire de la recherche.
Deuxième problème concernant l'évaluation : pour le moment il n'est prévu de faire qu'une évaluation de la recherche, pas de l'enseignement. Ça veut dire que quelqu'un qui serait mauvais enseignant, mais aussi mauvais chercheur, se retrouverait avec plus d'enseignement... Pas très convaincant, de voir l'enseignement comme une "punition" contre les mauvais chercheurs ! Cette fonction n'avait pas besoin de discrédit supplémentaire.
Troisième souci : la réduction, déjà mise en place, du nombre de personnels, faute de moyens. Oui, malgré les "augmentations" du budget proposées, ces augmentations restent inférieures à l'inflation. Le nombre d'enseignants-chercheurs diminue, mais il y a toujours autant d'heures d'enseignements à faire. Plus d'heures d'enseignement => moins de recherche.
En pratique, au lieu de redynamiser la recherche française, cette réforme risque bien de l'étouffer !
Une dernière remarque : ce n'est pas parce qu'un chercheur ne publie pas qu'il ne travaille pas. Mais il y a des moments où on trouve beaucoup, d'autres moments que l'on passe à chercher sans rien trouver. C'est comme ça. On ne peut pas évaluer ce genre de chose sur des périodes courtes (c'est pourtant ce qui se met en place), il faut des années et des années pour pouvoir évaluer vraiment le travail d'un chercheur.
Même si je ne nie pas qu'il existe peut-être des chercheurs qui ne cherchent pas comme ils le devraient, je persiste à croire que ce sont des cas très très rares et isolés : qui ferait 9 ans d'études supérieures, pour obtenir un métier où la rémunération n'est pas flamboyante, s'il n'est pas passionné par ce qu'il fait et ne le fait pas avec plaisir ?
Tous les chercheurs que je connais sont des passionnés, tous, sans exception. Et j'en connais beaucoup. Je connais aussi des chercheurs, retraités, qui continuent à aller travailler tous les jours à la fac. Juste par plaisir.
Le projet de réforme du statut des enseignants-chercheurs part peut-être d'une intention louable (il n'est pas absurde d'imaginer que ceux qui voudraient enseigner plus enseignent plus tandis que ceux qui voudraient chercher plus cherchent plus) mais pose de sérieux problèmes quant à la manière dont il serait mis en oeuvre.
Concernant l'évaluation : comment serait-elle mise en place ? Apparemment, il n'est pas prévu de créer d'instance chargée de s'en occuper (volonté du président de réduire le nombre d'instances administratives, ce qu'on ne peut qu'approuver... Bien que ce nombre ait plutôt augmenté depuis qu'il est au pouvoir ! Mais bon.) Ce sont donc les chercheurs eux-mêmes qui devront s'occuper d'évaluer leurs pairs (ce qui est déjà plus ou moins le cas actuellement, d'ailleurs, mais là, l'idée serait que l'évaluation se fasse à une fréquence plus régulière et avec des critères plus précis). Donc, en gros, plus de temps passer à évaluer, moins de temps à faire de la recherche.
Deuxième problème concernant l'évaluation : pour le moment il n'est prévu de faire qu'une évaluation de la recherche, pas de l'enseignement. Ça veut dire que quelqu'un qui serait mauvais enseignant, mais aussi mauvais chercheur, se retrouverait avec plus d'enseignement... Pas très convaincant, de voir l'enseignement comme une "punition" contre les mauvais chercheurs ! Cette fonction n'avait pas besoin de discrédit supplémentaire.
Troisième souci : la réduction, déjà mise en place, du nombre de personnels, faute de moyens. Oui, malgré les "augmentations" du budget proposées, ces augmentations restent inférieures à l'inflation. Le nombre d'enseignants-chercheurs diminue, mais il y a toujours autant d'heures d'enseignements à faire. Plus d'heures d'enseignement => moins de recherche.
En pratique, au lieu de redynamiser la recherche française, cette réforme risque bien de l'étouffer !
Une dernière remarque : ce n'est pas parce qu'un chercheur ne publie pas qu'il ne travaille pas. Mais il y a des moments où on trouve beaucoup, d'autres moments que l'on passe à chercher sans rien trouver. C'est comme ça. On ne peut pas évaluer ce genre de chose sur des périodes courtes (c'est pourtant ce qui se met en place), il faut des années et des années pour pouvoir évaluer vraiment le travail d'un chercheur.
Même si je ne nie pas qu'il existe peut-être des chercheurs qui ne cherchent pas comme ils le devraient, je persiste à croire que ce sont des cas très très rares et isolés : qui ferait 9 ans d'études supérieures, pour obtenir un métier où la rémunération n'est pas flamboyante, s'il n'est pas passionné par ce qu'il fait et ne le fait pas avec plaisir ?
Tous les chercheurs que je connais sont des passionnés, tous, sans exception. Et j'en connais beaucoup. Je connais aussi des chercheurs, retraités, qui continuent à aller travailler tous les jours à la fac. Juste par plaisir.
Re: article sur la réforme de l'université
Pour obtenir une rente de situation et avoir un deuxième travail hautement rémunéré à côté, leur titre d'enseignant chercheur leur donnant une légitimité pour ce deuxième travail...cerise a écrit : qui ferait 9 ans d'études supérieures, pour obtenir un métier où la rémunération n'est pas flamboyante, s'il n'est pas passionné par ce qu'il fait et ne le fait pas avec plaisir ?
C'est une des dérives que la réforme cherche à combattre (si cela concerne un quart des chercheurs, c'est tout de même considérable...).
Re: article sur la réforme de l'université
Un quart, je n'y crois pas, mais alors pas du tout du tout du tout. Ce n'est d'ailleurs pas ce que dit l'article.koala (h4pc*) a écrit :(si cela concerne un quart des chercheurs, c'est tout de même considérable...).
Un centième, ça me paraîtrait déjà excessivement étonnant.
Je te l'ai dit, des chercheurs, j'en connais. J'en connais beaucoup. Certains très bien, d'autres vaguement, mais tous assez pour savoir qu'ils font leur travail, et qu'il le font bien.
Je le répète, on ne trouve pas des résultats tous les jours. On n'a pas toujours de quoi publier tous les ans. Il arrive (fréquemment, surtout dans certains domaines) qu'on mette des années à travailler sur quelque chose, on mettra peut-être 10 ans avant que cela donne des résultats publiables, mais pendant ces 10 ans, on aura avancé et fait, à force de travail, des progrès exceptionnels. Alors sous prétexte qu'on n'a pas publié pendant 2 ans, il faudrait laisser tomber le travail en cours parce qu'il n'a pas donné de résultats assez vite. C'est ce que promet cette réforme.
Mais il faut arrêter de ne raisonner qu'à court terme ! Dans l'histoire, des travaux de recherches ont parfois mis un siècle avant qu'on leur trouve une utilité, mais alors, on n'a pas regretté d'avoir investi les efforts qu'il fallait dans un projet qui était peut-être flou à l'époque.
Je ne sais pas d'où sortent les chiffres de cet article, et ce qu'ils mesurent n'est pas très clair, mais ce qui est clair, c'est qu'ils sont manipulés afin de leur faire dire ce qu'on veut.
EDIT : ah, si, "publiant" veut dire un à trois articles en quatre ans... Donc c'est bien ce que je disais, si on a des projets longs et qu'on met du temps à obtenir des résultats publiables, on est considéré comme ne foutant rien, d'après la manière dont est rédigé cet article. C'est franchement abusif.
Re: article sur la réforme de l'université
Voici la réaction de la CPU (dépêche d'agence de presse, dont je n'ai fait que mettre en gras une phrase)
Le Conseil d’Administration de la CPU réagit à la proposition de médiation sur la réforme du décret de 1984 11/02/2009
Le CA de la CPU, à l’invitation de la ministre, a assisté à la présentation de la mission de médiation confiée à Mme Bazy-Malaurie. Remettre sur le chantier le projet de révision du décret de 84 est en effet aujourd’hui indispensable. Toutefois, la CPU exprime de fortes réserves sur la nature et la durée de la médiation proposée, qui ne répondent pas à l’urgence de la situation. Des auditions très nombreuses ont déjà été réalisées par la commission Schwartz et la CPU souhaite que s’ouvrent rapidement des négociations et concertations dans lesquelles elle tiendra toute sa place. Cette négociation et cette concertation ne peuvent être engagées que si un climat de confiance est restauré dans la communauté universitaire. Cela suppose le rétablissement des postes supprimés, une augmentation pluriannuelle du nombre des emplois et la refonte du modèle d’allocations des moyens.
Cela suppose aussi une meilleure prise en considération des résultats de la recherche française et de la compétence de ceux qui la font, dans les prises de positions publiques des plus hautes autorités de la République. Cela suppose enfin une gestion mieux maitrisée du temps des réformes : la confusion croissante engendrée par la précipitation dans laquelle la réforme de la formation des maitres a été engagée, en compromet gravement la qualité. Le CA de la CPU demande donc solennellement à Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, de repousser à 2011 la mise en place des nouveaux concours de recrutement.
Evolution du statut des enseignants-chercheurs, moyens humains à la hauteur des nouveaux enjeux, considération des personnels et qualité de la formation des enseignants sont les conditions indissociables d’une Université moderne, efficace et autonome à laquelle la CPU est attachée.
Le Conseil d’Administration de la CPU réagit à la proposition de médiation sur la réforme du décret de 1984 11/02/2009
Le CA de la CPU, à l’invitation de la ministre, a assisté à la présentation de la mission de médiation confiée à Mme Bazy-Malaurie. Remettre sur le chantier le projet de révision du décret de 84 est en effet aujourd’hui indispensable. Toutefois, la CPU exprime de fortes réserves sur la nature et la durée de la médiation proposée, qui ne répondent pas à l’urgence de la situation. Des auditions très nombreuses ont déjà été réalisées par la commission Schwartz et la CPU souhaite que s’ouvrent rapidement des négociations et concertations dans lesquelles elle tiendra toute sa place. Cette négociation et cette concertation ne peuvent être engagées que si un climat de confiance est restauré dans la communauté universitaire. Cela suppose le rétablissement des postes supprimés, une augmentation pluriannuelle du nombre des emplois et la refonte du modèle d’allocations des moyens.
Cela suppose aussi une meilleure prise en considération des résultats de la recherche française et de la compétence de ceux qui la font, dans les prises de positions publiques des plus hautes autorités de la République. Cela suppose enfin une gestion mieux maitrisée du temps des réformes : la confusion croissante engendrée par la précipitation dans laquelle la réforme de la formation des maitres a été engagée, en compromet gravement la qualité. Le CA de la CPU demande donc solennellement à Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, de repousser à 2011 la mise en place des nouveaux concours de recrutement.
Evolution du statut des enseignants-chercheurs, moyens humains à la hauteur des nouveaux enjeux, considération des personnels et qualité de la formation des enseignants sont les conditions indissociables d’une Université moderne, efficace et autonome à laquelle la CPU est attachée.
Sylvie Bonnet
Re: article sur la réforme de l'université
Et pour ceux qui n'ont pas entendu le discours, et qui se demanderaient pourquoi j'ai marqué une phrase en gras dans l'article rapporté ci-dessus, voici un lien vers quelques extraits
http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk
http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk
Sylvie Bonnet