Bonjour,
L'anecdote pour démarrer. En début de sup, j'étais une brêle intersidérale en physique, et notamment en mécanique. Dommage parce que j'adorais ça, mais je n'arrivais à rien, je ne retenais pas grand chose. Ah et j'ai traversé une longue période de démotivation/déprime et des problèmes de santé durant ma sup. Bref, j'étais très très mal partie.
Quelques années plus tard... J'aime toujours autant la physique, plus particulièrement la mécanique, et je suis ingénieur en méca.
Lelkek a écrit : ↑26 oct. 2017 23:23
Bon ben voilà ça fait un mois et demi et je me retrouve (je pense) dans le dernier quart de ma classe. J'ai un retard qui est plus ou moins le même que les autres, et je m'étais dit que j'allais travailler pendant les vacances mais je n'y arrive pas.
Etre dans le dernier quart en soi n'est pas un grand "problème", même si c'est frustrant et peu plaisant. J'ai été dans les 5 derniers pendant des mois dans 2 des 3 matières
. (ça ne m'a pas empêché de ne pas trop mal réussir mes concours quand on voit d'où j'étais partie, et je suis globalement contente de mon début de carrière.)
Travailler pendant les vacances n'est pas forcément l'idée du siècle quand les dernières semaines ont été difficiles. La priorité c'est de se reposer pour arriver frais à la rentrée, parce que la période Toussaint-Noël de sup, c'est un peu la pire partie de la prépa
.
Lelkek a écrit : ↑26 oct. 2017 23:23
Ouvrir mon cours dans n'importe quelle matière provoque en moi un dégoût viscéral, la montagne de choses qui me reste à faire me fait blêmir, et me pencher sur un exercice de maths (même en y réfléchissant un bout de temps) me frustre et enracine de plus en plus ma croyance que je suis naturellement nul dans ce domaine (les DS n'étant pour moi qu'une question de cours sur trois heures, ça n'aide forcément pas). Question: comment je me sors de là? C'est pas faute de volonté ou de fainéantise (de mon point de vue), puisque j'ai déjà travaillé longtemps et sans problème en terminale (j'avais du retard ans les matières scientifiques suite au fait que j'ai toujours pensé être mauvais) et ça me plaisait même!
Tu n'es probablement pas mauvais. Tu es arrivé jusque là, c'est que tu ne l'es pas.
Ensuite oui tu es dans les derniers : malheureusement il en faut bien. On recrute les meilleurs élèves des classes de terminale, on leur fait faire des choses plus compliquées et on les met en concurrence : forcément, tu vas avoir un plus fort et un moins fort. Etre le moins fort ne veut pas dire que l'on est nul, ça veut juste dire qu'on est "le moins fort parmi ce groupe de plus forts". Ce qui n'a rien à voir
.
Comment tu te sors de là ?
Tu déconnectes de la prépa. Pour de vrai. Sur les deux semaines de la Toussaint, quand on arrive dans cet état là, il faudrait une bonne vraie semaine de dépaysement, sans prépa, sans cours, sans exos. Juste des trucs sympa et cool que tu as envie de faire.
Ensuite, si ça ne va toujours pas, continuer à se reposer. C'est débile tu vas me dire ? Bah oui t'as du retard, tu as besoin de travailler plus profondément et moi je te dis de ne rien faire...
Imagine que tu sois un sportif, un marathonien disons.
Tu t'entraînes pour ton marathon dans deux ans. Là tu es au début de l'entraînement, entraînement qui devient bien difficile et tu t'es fait un claquage puis une tendinite. Tu trouves ça malin de continuer à t'entraîner sur ta tendinite ? Tu ne crois pas que continuer à forcer la course sur une tendinite ça améliore la performance ?
Quand on s'est un peu blessé, on profite que la blessure ne soit pas grave pour laisser au corps le temps de récupérer.
Quand on aura récupéré pleinement il sera temps de reprendre l'entraînement, mais en attendant, continuer à s'entraîner n'aura pas d'autre résultat que d'aggraver la blessure.
Lelkek a écrit : ↑26 oct. 2017 23:23
Je suis donc là a culpabiliser dû au fait que je ne fais rien de productif (j'essaie, mais ça ne marche pas), et ma motivation et le plaisir que je prenais à étudier les sciences ont disparues, broyées par un prof sévère et carrément chiant en maths et un manque de compréhension global.
Tu sais quel est le truc le moins productif du monde ?
La culpabilité.
La culpabilité, c'est un signal de ton cerveau pour te dire que tu agis mal. C'est très utile quand tu fais
réellement quelque chose de mal. Ici elle n'a pas lieu d'être. Une partie de ton travail en prépa sera d'éduquer ton cerveau à ne pas culpabiliser quand il n'y a pas lieu d'être.
Ton premier semestre est difficile ? Oui. Ce n'est pas extrêmement étonnant, ça ne veut pas dire que c'est désespérant pour toi, bien au contraire, par contre ça veut dire qu'il faut que tu fasses attention à toi et que tu t'occupes davantage de toi.
Rappelle toi du marathonien : quand on se prépare à un effort aussi important, les temps de récupération sont au moins aussi importants que les entraînements. La récupération fait partie des choses les plus étudiées par les médecins du sport et les entraîneurs.
On a besoin de cette récupération. Donc il n'y a pas de culpabilité à avoir d'avoir des temps de récupération !
A partir de là, ne te compare pas aux autres : au fond on s'en fiche un peu des autres et de ce qu'ils arrivent à faire. Leur corps est capable d'encaisser plus que toi ? Bah tu n'y peux rien malheureusement
.
Prends ces vacances comme si c'était un week-end de trois jours : c'est ce que j'avais fini par faire, et c'est ce qui me permettait le mieux d'en profiter sans culpabiliser et d'avoir travaillé à la rentrée (de toute façon tu verras, si tu parles suffisamment avec ta classe tu découvriras à la rentrée que la majorité n'a pas été efficace plus de 3-4 jours
).
Lelkek a écrit : ↑26 oct. 2017 23:23
Mon problème n'est même pas les notes, à la rigueur je m'en fout, mais le fait que la prépa me fait perdre l'appréciation de ce que l'on m'enseigne et remet sérieusement en cause mes choix d'orientation, dans le sens où elle me ramène à un temps ou je passais mon temps en cours à ne rien comprendre et elle me donne jamais une lueur d'espoir à laquelle me raccrocher (bon à part en colle avec un prof cool où là je peux enfin discuter de ce que je fais avec quelqu'un et essayer de comprendre). Avant de conclure hâtivement que la prépa n'est donc pas un outil pédagogique efficace, ce qui ne m'a pas l'air d'être le cas (basé sur le niveau des personnes qui en sortent), j'aimerais savoir comment ceux qui l'ont vécu de la même manière ont réussi à pallier ce problème.
Ahaha, si tu veux avoir plus de détails tu peux aller lire mon vieux blog
. Ca doit encore être référencé même si complètement abandonné.
Je me suis raccrochée à mon amour des mathématiques, et aux liens que j'avais tissés avec mes camarades. La solidarité entre les élèves est ce qui m'a fait aller jusqu'au bout.
Ensuite, un professeur extraordinaire m'avait donné un conseil que lui-même avait suivi en son temps, et que j'ai trouvé complètement débile jusqu'à ce que je le suive :
prendre la prépa pour un jeu.
Lelkek a écrit : ↑26 oct. 2017 23:23
Est-ce que ceci est normal? (Toujours la même question
) Comment est-ce que je peux comprendre ce que l'on m'enseigne et reprendre plaisir dans l'apprentissage/retrouver ma motivation?
C'est entièrement normal. Tu es loin d'être le seul à te sentir ainsi en prépa.
Ma motivation, je la trouvais à la semaine. Je ne voyais pas plus loin que "aller au bout de la semaine". Et c'est comme ça que je suis arrivée aux vacances de Noël, puis à la fin du mois de janvier, puis au printemps, puis c'était la fin de l'année...
.
Chercher l'essence de ce qui t'intéresse dans les matières aussi. J'ai toujours aimé les maths qui répondent si bien à l'amour de la vérité et qui représentent si bien la complétude du monde.
J'ai toujours trouvé la physique fascinante aussi. J'adorais les débuts de chapitres autant que je détestais les formules et les démonstrations (je les ai aimées plus tard, lorsque j'ai réussi à les comprendre !). Il faut se laisser porter par la poésie de la science
.
Bon courage !
