Sauf que la faute n'incombe pas à l'ENS et son existence (ni à l'existence des normaliens et normaliennes), mais à l'écrasant déterminisme social.
Supprime le traitement normalien et la seule chose que ça changera c'est que les élèves pas trop favorisés financièrement perdront tout le confort du statut de normalien.
A un moment, de même que considérer APB comme coupable des problèmes de choix/accessibilité dans l'enseignement sup, il va falloir arrêter de considérer que l'ENS (enfin les ENS) est coupable du manque de mixité sociale. Et réfléchir à :
* pourquoi si peu de lycées parisiens surtout envoient quasiment toutes les promos de normaliens, et surtout en lettres, alors que leurs élèves ne sont vraiment pas plus intelligents que certains allant dans des écoles sensiblement moins renommées en venant de province (à intellect correct sans plus égal, mettez un dans une grosse parisienne il décrochera à coup sûr une A+, mettez l'autre dans le trouduc de la France il aura une CCP)
* pourquoi une telle censure pour aller en prépa, et pourquoi des crétins de journalistes ressortent systématiquement le marronnier des élèves de prépa dépressifs maltraités par leurs profs
Cette non-mixité sociale était moindre il y a quinze ans, et encore moindre avant, elle s'est brutalement accrue les dernières années. Le point culminant à l'X étant en 2012, quand 60% des élèves d'une promo venaient de LLG et Ginette.
ça fait des années que je milite ici pour pousser les élèves hésitants et venant en général de milieux non-informés (parce que dans les milieux informés la question ne se pose pas : prépa, médecine ou droit en général...) à aller en prépa. Pas pour mentir et vendre la prépa comme une promenade de santé, mais pour dédramatiser la prépa, dédramatiser les concours difficiles, et inciter les élèves à tenter, et vaincre un peu l'autocensure.
LaMouette aussi fait ça, et Hibiscus commence également (faut bien former les juniors des générations futures
), entre autres. Et des élèves potentiels, on en a rencontré un gros paquet.
Donc merci de ne pas accuser encore et toujours l'ENS et l'X qui font ce qu'elles peuvent pour recruter de bons éléments et donner une forme d'équité à tous (mon âme de gauchiste étant plutôt favorable à l'équité), et de plutôt constater que factuellement, la fabrique à inégalités arrive nettement plus tôt qu'au moment de la prépa et des concours. Mais au moins au lycée... (choix d'une prépa, choix d'un lycée qui envoie des élèves en prépa, etc)