Problème d'orientation ou complexe ?

[Bambou_64]

Dis-moi, tu fais quoi comme études ?
Je suis élève ingénieur dans l’aéronautique.
C’est super ça ! A Supaero, j’imagine ?
Eh bien non, à l’ESTACA, une autre école dans l’aéronautique.
Ah, je vois à peu près oui… J’en ai vaguement entendu parlé.

Si, une fois arrivé à la quatrième ligne, tu ressens une certaine honte, c’est qu’il y a un problème.
Je ressens cette honte, et oui, il y a un problème.

Bonjour à tous,

Tout d’abord, merci à ceux ou celles qui liront et répondront à ce message. J’éprouve une certaine admiration envers les personnes comme vous, qui prennent le temps d’aider les gens avec leurs problèmes strictement personnels et égocentriques.

Je vais rentrer en première année d’école d’ingénieur en aéronautique à l’ESTACA, suite à mes deux premières années préparatoires dans cette même école.

Durant mon année de terminale, je n’avais pas confiance en mes capacités (ça n’a pas vraiment changé aujourd’hui), voilà pourquoi j’ai choisi de postuler au concours avenir, afin de rejoindre l’ESTACA, une école dont l’entrée est bien moins sélective que les autres grandes écoles d’ingénieurs.

J’avais peur de la prépa, peur de me foirer aux concours, et infiniment peur de redoubler. Ceci explique mon choix exposé plus haut.

Maintenant, je suis en stage ouvrier chez Airbus, où je travaille en tant qu’ouvrier sur les chaines d’assemblage. Et travailler avec une équipe d’ouvriers m’a fait réfléchir à mon orientation. Eh oui, je me suis rendu compte à quel point j’ai eu de la chance, et à quel point je ne l’ai pas réalisé.

Je m’explique. J’ai rencontré durant ce stage beaucoup de personnes sans aucun doute plus intelligents que moi, plus vifs, meilleurs. Si ils avaient reçu la même éducation que moi, les mêmes opportunités, ils seraient déjà à polytechnique. Mais voilà, ils ont été contraints de choisir une autre voie, et les voilà ouvriers. Et, bon sang, être ouvrier, que c’est ennuyant… Attention, je ne généralise rien du tout, je parle juste du métier que je suis en train d’IMITER sur les chaines d’assemblage.

Après un mois passé à riveter, percer, laver, tu es heureux de faire des études.

Maintenant, certaines personnes pourront me dire : « Tu peux aussi te faire chier en étant ingénieur devant un bureau ». Et ces gens ont parfaitement raison, et c’est ce que je cherche à éviter. Je veux m’amuser au travail, me creuser la tête, avancer. Enfin, là n’est pas le problème…

Le problème réside dans le fait que j’ai honte de faire des études comme celles-ci. Si j’avais eu le courage de faire une prépa classique, j’aurai pu tenter le concours supaero, et j’aurai pu être pris ! Ça fait beaucoup de supposition, je vous l’accorde, mais le courage est le moteur de nos réussites.

D’un autre côté, une petite voix me dit : « T’es un bon élève, mais jamais tu aurais eu le niveau pour rejoindre supaero, tu aurais redoublé ta prépa, perdu une année, perdu confiance en toi, tout ça pour peut-être rater encore une fois le concours d’entrée ». Ô petite voix, si seulement tu pourrais te taire.

« Incroyable, ce gosse est en train de se plaindre de faire des études d’ingénieurs ?! » « Mais pour qui il se prend celui-là ? ». On se calme, relativiser aide à beaucoup de chose, mais il n’a jamais aidé à avancer.
Maintenant, je ne suis pas malheureux dans mes études, j’adore ce que je fais. Mais je serai toujours complexé, parce qu’il y a mieux. Et oui, il y aura toujours mieux ! Vous voyez en peu comment mon problème est paradoxal ?

Vous qui lisez ces lignes, qui comprenez, qui savent ce que je ressens : cette honte de ne pas avoir été à la hauteur, assez intrépide, courageux, qu’avez-vous à me dire ? Nous avons tous été face à ce problème, qui que nous soyons.

Que dois-je faire ? Continuer mes études à l’ESTACA, recommencer une prépa, me tirer une balle dans la tête, jouer au ping pong, je ne sais pas.

Quelle est la meilleure chose à faire quand vous n’avez aucune foutu idée de quoi faire ?

Ecrire ces lignes m’a aidé, mais je suis certain que lire vos réponses m’aidera encore plus !

Je ne sais pas ce que vous devez ressentir après avoir lu ce message, mais sachez que même si il n’y parait pas, c’est très important pour moi. Ce n’est pas un simple caprice, mais un vrai problème qui me freine chaque jour.

[LaMouette]

Recommencer une prépa serait terriblement stupide.

En supposant que tu sois pris (rien de moins sûr...) et que tu tiennes (à 18 ans en sortant de lycée ça va bien, après avoir goûté à la vie c'est plus dur), rien ne dit que tu auras l'école que tu crois être celle de tes rêves.
Et si jamais tu l'as, rien ne dit qu'elle sera à la hauteur de ton rêve.

Les fantasmes, ça se gâche souvent en se réalisant .

Ta plus grande bêtise est d'avoir honte de ton école. C'est bien le pire service que tu peux rendre à ta carrière.

Parmi les ingénieurs en aéronautique, il y en une proportion énorme qui n'a pas fait d'école en aéronautique. Si tu fais ton stage ouvrier chez Airbus, c'est que déjà tu as rempli une condition de parchemin.

Si tu souhaites croire que c'est ton parchemin qui fera le job à ta place, tu te feras doubler par un tas de gens qui auront un moins beau parchemin que toi .

[Hugo83]

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[au31dumoisdaout]

Ton texte est bien rédigé donc tu as certainement des facilités avec l expression écrite...Cela te sera utile dans ta carrière....il serait vraiment dommage de perdre 2 ans
D autant plus que ce n est pas si facile que cela de franchir les années à l estaca

[JeanN]

Continue à l’estaca

[father]

Les gars qui ont un complexe du diplôme c est assez fréquent. Ensuite, il y 2 categories, ceux qui trouvent toujours une excuse a une evolution de carrière jugée trop mediocre : c est la faute a mon diplome...
Et ceux qui vont compenser en bossant plus que les autres. Ceux la vont en général bien plus haut que les autres. Tache de faire partie de cette categorie.. en profitant de la vie que ta situation t autorise (a la diffère nce des riveteurs : je viens justement de visiter le site de st nazaire..)

Et si tu as honte de ton diplôme tu pourras toujours le blanchir...
Plusieurs options :
Tu fais ta 3a a supaero. Tu seras toujours estaca mais le mythe des surhommes se sera un peu degonfle
Tu fais un MS apres ton diplome inge (comme ca tu auras un bout de papier ecrit supaero a mettre sur ton cv)
Apres qq annees tu passes l aerospace mba de supaero : bcp de travail et gros salaire.
Derniere option tu finis tes etudes a l etranger (canada, us, bresil, ...) et tu t installes sur place. Tu seras au milieu d inge qui n auront jamais entendu parler de l estaca.. Tu auras juste a faire tes preuves.
Comme tout le monde

[Bambou_64]

Tout d’abord, merci à tous pour vos réponses.

Ça me fait un immense bien de lire ce que je me répète tous les jours, mais de la part de personnes matures et compétentes telles que vous.

Comme vous l’avez tous dit, et particulièrement La-erta, perdre ces deux années à l’ESTACA pour faire une prépa serait la décision la plus idiote de ma vie (enfin, pour le moment :p). Jamais je n’ai eu l’envie de partir pour une prépa, déjà vis-à-vis de mes parents, de leurs implications financières dans mes études, et aussi vis-à-vis de moi (j’assume mes erreurs, en partant du principe que c’en était une).

Maintenant, je vis chez eux, donc il n’y a que les frais scolaires à prendre en compte, heureusement, sinon je n’aurai jamais pu faire l’ESTACA…

Father, tu dis que partir finir mes études à l’étranger pourrait m’aider grandement ? Je veux dire, c’est vraiment un plus ? Entre un jeune diplômé ESTACA qui a fait une année à l’international et un diplômé supaero qui est resté en France, il y a une vraie différence ?

Je me sens stupide de vous avoir dérangé pour un problème si…futile. Bien sûr que l’école n’est qu’une base, qu’une rampe de lancement plus ou moins bien élaborée, c’est à moi de construire m’a propre formation.

Mais c’est si facile de se croire accompli une fois diplômé d’une « grande école ». D’où l’idée de fantasme de LaMouette, à jamais atteignable.

Vous qui avez de l’expérience, qui voyez plus loin que moi, qu’est ce qui fait qu’on devient un bon ingénieur ? On l’entend et le lis partout ce mot : compétent. « Un ingénieur compétent se doit d’être polyvalent, cultivé, efficace, etc. » Mais ça veut dire quoi ? Si je ne suis pas cultivé, et que j’ai un esprit lent, je pourrais toujours devenir bon, voire très bon en tant qu’ingénieur ? Nan parce que, la finalité, ce vers quoi j’essaie de tendre, c’est d’être très bon dans ce que je fais (n’est-ce pas le but de tout le monde).
Alors quoi, c’est quoi la définition d’un très bon ingénieur ?

Aussi, grande question, comment choisir des stages pertinents ? Sérieusement, pertinents, quelle idiotie d’utiliser ce mot à mon niveau. Je ne sais pas vers quoi me spécialiser, et je le saurai qu’au bout de 10 stages, voire plus. Comment je peux avoir une formation pertinente en relation avec mes stages si je me cherche encore ?

Et si je me spécialise dans un domaine précis de l’aéronautique, où je fais mes stages de 3A, 4A, et 5A là-bas, et qu’au bout du compte je ne suis pas heureux ? Ce serait dommage.

J’essaie de faire des stages aussi diversifiés que possible, afin d’avoir un aperçu global, je ne cherche pas ENCORE à m’améliorer dans un domaine en particulier. Vous en pensez quoi ?

PS : Father, c’est drôle parce que mon stage a lieu actuellement chez Airbus Saint-Nazaire. Je travaille sur les tronçons centraux inférieurs des A330 NEO.

[father]

Je t ai peut être croisé.
Tu es déjà le pro des noeuds au cerveau !
C est bien de seposer des questions mais le perfectionnisme finit souvent par etre contre productif.
Etre fluent in english c est juste essentiel pour ta carrière.
Tu peux aller jusqu au double diplôme en 2+2..
Cela te laissera plus de temps pour experimenter