C'est une façon de voir les choses. Je peux comprendre mais ne partage pas l'idée.
C'est peut-être sans doute un des problèmes de l'orientation / reproduction des élites.
Quand on va demander à un fils d'ouvrier "Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?", dans sa tête, ce ne sera pas :
- "MPSI, puis PSI** à LLG, puis X, puis école d'appli à Mines de Paris, pour ensuite rentrer dans le corps des ingénieurs des Mines"
ou encore :
- "Moi j'aime les maths, ... alors pourquoi pas MPSI, puis MP** à Ginette, pour tenter les ENS et continuer en doctorat, ..."
Bref cela ne lui viendra jamais à l'esprit parce qu'il ne connait ni LLG, ni Ginette, ni l'X, ni Centrale, ni les Mines, ni les ENS, ni la MP*, ou PSI** ou ce que tu veux, ni c'est quoi un grand corps d'état. Au mieux, il se dira, "Ingénieur en électronique ce n'est pas mal" sans connaître ce que c'est, mais il se sera fait une idée en lisant les prospectus des écoles post-bac qui viennent recruter les élèves au lycée.
Avec un peu de chance il va voir un conseiller d'orientation qui va lui dire au mieux "fais une prepa où tu va galérer pdt 2 ans, au bout duquel tu vas passer des concours où t'es même pas sûr d'avoir l'école d'ingé post-bac que tu vises, ou bien tu rentres direct dans l'école d'ingé post-bac à 10000€ l'année".
Il va se dire "ah ouais, j'ai pas le droit de me foirer, que faire ?" Et là le conseiller d'orientation va lui dire "Quel métier veux-tu faire ?", il va ensuite finir en DUT ou licence parce qu'on lui aura dit que les écoles d'ingé recrute aussi sur dossier, et au pire tu pourras continuer sur un master à la fac, ça ne coutera pas un bras à tes parents, et c'est le "moins risqué" et que tu pourras très bien devenir "Ingénieur en électronique" comme ça. Sauf qu'on ne lui dira pas que ce n'est pas la même chose que de sortir de CentraleSupélec.
Non pas que je dénigre la licence ou le DUT, mais si le gars on lui aurait bien expliqué tous les tenants et aboutissants, il n'aurait sans doute pas fait le même choix.
Et qu'on ne me dise pas, que ça n'existe pas ces cas de figure. Moi je suis entré en prépa parce que j'ai suivi les conseils de mes professeurs du lycée, sinon j'aurais sans doute été à la fac ou dans une école post-bac à 10000€ l'année.
Je suis allée en MPSI, mais je ne conaissais rien du système de la prépa. J'ai uniquement postulé à la prépa à côté de chez moi (on ne la voit meme pas dans le classement de l'étudiant, tellement elle est tout au fond), puis mes voeux suivants étaient la fac. Arrivé en prépa, j'ai côtoyé des gens qui disaient vouloir aller à Centrale, aux Mines ... j'imaginais une centrale nucléaire et les nains de blanche neige avec une pioche, sans exagéré.
Je ne savais même pas ce que voulait dire "CCP, E3A, ENS, X, etc..". Et je n'étais pas le seul. Moi en entrant en prépa je voulais entrer à l'ENSTA bretage, qui s'appelait à l'époque "Ecole nationale supérieure des ingénieurs des études et techniques d'armement", juste parce que le nom m'avait l'air trop cool et me parlait plus que "centrale ou mines".
Et des lycéens aussi paumés, j'en vois tous les jours, j'en connais, et on a beau les expliquer, ce sont des choses qui ne leur parlent pas.
J'en connais un qui a préféré arrêter la prépa au bout de la premiere année, au lieu d'y rester pour tenter les concours pour aller à l'epitech qui ne délivre même pas de titre d'ingénieur et qu'il aurait pu intégrer à l'issu de la 2ème année, parce que "Je veux faire de la programmation, à quoi ça sert de passer les concours ?", alors qu'il aurait pu intégrer une école sur CCP en info easy. Bon c'est son choix, il est certainement bien réfléchi. Mais je ne suis pas dutout certain que ce soit bien en connaissance de cause.
Tout ce pavé pour dire que les intentions ne suffisent pas. Et qu'avoir des informations pertinentes et exhaustives est nécessaire pour faire un choix qu'on ne regrettera pas plus tard, parce que "Je ne savais pas, ... Je pensais que ..."