siro a écrit : ↑17 sept. 2018 19:46
Par contre Vidal ne remet pas en cause la sélection pour entrer en licence. Et ça ça me chagrine davantage.
Au contraire c'est une très bonne chose. De laisser ce qui est important à mes yeux : L'accès à l'Université ne se fait qu'avec le Bac.
Un article intéressant --->
https://www.liberation.fr/debats/2018/0 ... le_1621802
Je cite : "La réforme de l’accès à l’enseignement supérieur entend conditionner à des «attendus» l’entrée des étudiants dans chaque filière. Officiellement, il s’agit de lutter contre l’échec à la fac. En réalité, le «plan étudiants» du gouvernement n’est qu’une vaste machine à trier."
"Bref, le système scolaire reste l’un des piliers de la reproduction sociale, certes, mais les efforts de démocratisation scolaire ont aussi aidé la mobilité sociale ascendante des classes populaires stabilisées et des (petites) classes moyennes, et cela, on le dit moins."
"Pour autant, le système scolaire français reste structurellement profondément inégalitaire. D’un côté, des grandes écoles et leurs classes préparatoires, pour lesquelles les élèves sont sélectionnés tôt, couvés dans des établissements au taux d’encadrement élevé et qui contribuent largement à la reproduction sociale (environ 50 % d’enfants de cadres supérieurs et 15 % d’enfants d’ouvriers-employés, alors que ces catégories représentent respectivement 15 %(1) et 50 % de la population active). De l’autre, des universités aux capacités d’accueil réduites comme peau de chagrin, des personnels précarisés et des budgets de plus en plus contraints : la loi LRU (2007) a conduit à l’assèchement des caisses et à l’extrême mise sous tension des établissements universitaires, les rendant inefficaces pour mieux dénoncer leur incurie et imposer, au nom de l’autonomie, des mesures d’austérité. L’argent ne manque pas pourtant lorsqu’il s’agit d’alimenter Labex, Idex, chaires d’excellence, primes en tous genres pour «stars» de la recherche, sans parler des 5, 5 milliards du Crédit d’impôt recherche (CIR), devenu une véritable niche fiscale pour certaines entreprises et constituant autant de financements perdus pour la recherche publique."
" Et, à travers la réforme qui vient, c’est la première fois que s’exprime autant le refus de la démocratisation scolaire. Celle-ci ouvrait ce droit simple : permettre à ceux qui le souhaitent, une fois le baccalauréat obtenu - or, tout le monde ne l’a pas, 78 % de bacheliers dans une classe d’âge en 2016, 40 % pour un bac général - de fréquenter l’université et la filière de son choix."
"1) On nous assène des chiffres qui font peur : selon les lieux (Assemblée, médias) et les personnes (ministre, députés LREM…) qui s’expriment, on parle de 50 % à 70 % d’échecs en licence ! Pourquoi pas 80 % ou plus ? elon les données statistiques du ministère, parmi les nouveaux inscrits en licence 1 (L1), environ 40 % chaque année passent en L2 ; environ 30 % redoublent ; environ 30 % ne se réinscrivent pas (ceux qui sont dits avoir «abandonné»). Ces chiffres ne sont pas nouveaux et étaient déjà presque identiques au début des années 60 selon les archives statistiques du ministère. En d’autres termes, ils ne sont pas liés à la massification, à l’arrivée en masse des bacheliers professionnels ou à une baisse du niveau généralisée des bacheliers. Ils varient aussi fortement selon les universités."
2) La qualité injuste et absurde du tirage au sort, tout le monde la reconnaîtra, mais elle a été une pratique très marginale, et il existe d’autres moyens que ce plan étudiants pour la supprimer.
Cette réforme universitaire qui vient révèle, in fine, son vrai visage, idéologique : «En finir avec le mythe de l’université pour tous» (selon les propres mots du président Macron), bref interdire aux élèves des classes populaires et moyennes d’accéder aux études supérieures de leur choix. En un mot, les enfermer définitivement dans un destin scolaire qui sera leur tombeau social"
Un autre article : -->
https://www.humanite.fr/pourquoi-toute- ... tue-645446
Je cite "L’accès à l’université grâce à l’obtention du baccalauréat est pourtant l’un des piliers de ce qu’il nous reste de contrat social. "
"Les arguments se bousculent contre la sélection : la lutte contre les inégalités, l’accélération des mutations technologiques qui imposent des facultés d’adaptation que facilitent l’analyse et un champ de connaissances peu segmenté, l’histoire qui enseigne qu’une civilisation solide se nourrit de connaissances toujours plus nombreuses et partagées. La formule d’Abraham Lincoln résume le tout : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance. »"
"Mais, sous les termes fallacieux de lutte contre l’échec et d’orientation individualisée, la réponse proposée s’inscrit dans le prolongement des réformes libérales conduisant à exclure les étudiants des classes populaires et à renforcer l’autonomie des universités au détriment d’un service public de l’enseignement supérieur et la recherche.
"Plutôt que de céder à la sélection, interrogeons les raisons de l’échec à l’université et mettons les moyens nécessaires pour le combattre.
Comment tolérer que moins de 8 % des enfants d’ouvriers accèdent au niveau Master, contre plus de 33 % des enfants de cadres ? Où est la République lorsqu’on légifère pour favoriser l’élitisme et la reproduction sociale ? Le courage, c’est de sortir de la logique décliniste et d’investir dans notre avenir.
L’éducation est un placement collectivement rentable, qu’un ancien banquier ne devrait pas saborder pour financer des cadeaux fiscaux aux plus fortunés."
"Les fameux « attendus » de la novlangue macronienne vont autoriser les universités à choisir la sauce à laquelle les étudiants seront croqués. Faudra-t-il, ici, avoir fait du latin ? connaître La Boétie ? avoir un brevet de saut à l’élastique ? un oral de culture générale, peut-être ?
Ce qui peut sembler raisonnable sur le papier est socialement inégalitaire."
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