Fonctionnement de SCEI du point de vue des écoles (anciennement dans "Compréhension rapport SCEI")

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Fonctionnement de SCEI du point de vue des écoles (anciennement dans "Compréhension rapport SCEI")

Message par Bertrand Meyer » 07 janv. 2022 08:09

Bonjour,

Je vais essayer d'expliquer le fonctionnement de SCEI du point de vue d'une école, ce qui éclaircira vos incompréhensions.

D'abord, il faut voir que le système SCEI doit avoir au moins 20 ou 30 ans. Il a été conçu à une époque où le standard était plutôt le dossier papier qu'on envoie par la poste et où internet et le minitel n'étaient pas accessibles partout. Chaque échange d'information prenant plusieurs jours, l'objectif principal du système était de donner, dès la première itération, l'affectation définitive de chaque candidat. La variable d'ajustement est alors la taille de la promotion, dans les limites du raisonnable.

L'erreur à ne pas commettre, c'est donc de penser que les écoles utilisent SCEI comme on va à la pompe à essence (on demande le plein et on récupère au millilitre près le contenu du réservoir). Il faut voir SCEI comme lorsqu'on va au marché pour faire une soupe aux légumes avec une vague recette. Le nombre de place indiqué par les écoles est essentiellement indicatif : une fois sur place, on adapte les quantités de la recette en fonction de ce qu'on trouve concrètement sur les étals, on prend des carottes en plus parce qu'elles sont belles et des navets en moins parce qu'ils sont rabougris.

Concrètement, lors de la procédure d'affectation, les candidats commencent par classer les écoles. Ce classement est définitif et antérieur aux opérations d'affectation. Attention, cela signifie que si deux écoles auraient voulu d'un même candidat, le candidat est automatiquement démissionné de l'école la moins bien classée.

Il y a ensuite 4 appels des candidats. Deux appels ont lieu fin juillet, deux appels ont lieux fin août / début septembre, avec donc un trou d'un mois entre. Les deux appels qui précèdent les vacances d'août ont vocation à remplir l'essentiel des places. Tout le monde a besoin de souffler et d'avoir des perspectives : cela permet par exemple d'organiser l'hébergement en résidence étudiante tranquillement. Par principe, certaines écoles n'appellent que sur les deux premiers appels et se contentent de ce qu'elles ont pêché en fermant les listes d'attente ou en les raccourcissant drastiquement (action irréversible). Evidemment, vous ne pouvez pas savoir à l'avance ce qu'elles feront.

Lors de chaque appel, de manière invisible du grand public, SCEI procède à cinq simulations des résultats. Cela permet à chaque école de savoir qui sont les candidats qui seraient affectés à l'école. Entre chaque simulation, les écoles ont la possibilité de changer leurs critères. Les écoles disposent de deux leviers : dans chaque voie, elles indiquent un nombre maximum de candidat ET un rang maximum des candidats. En pratique, les écoles raisonnent en utilisant le critère 'rang max'. A l'issue des cinq simulations, les appels sont communiqués aux candidats.

Voici un exemple pour comprendre.
A la première simulation, dans la filière A, le dernier candidat appelé par l'école E est classé 998. Les suivants qui viendraient si l'école E en prenait plus sont classés 999, 1000 et 1300 (les candidats 1001, 1002, etc 1299 ont été pris dans une autre école qu'ils préfèrent). Dans la filière B, les trois derniers candidats appelés sont 1000, 1300 et 1301.
Pour forcer le trait, les candidats A999 et A1000 ont classé l'école E en premier, tandis que les candidats B1300 et B1301 ont classé l'école E loin derrière. En plus, dans le classement, de B1300 et B1301, il y a majoritairement des écoles spécialisées dans un autre domaine que celui de l'école E, tandis que A999 et A1000 ont fait une liste voeux d'écoles du même domaine que E.
Lors de la seconde simulation, l'école E peut soit rester droit dans ses bottes (elle a des principes !), soit changer les paramètres pour récupérer 2 candidats en plus en filière A et 2 candidats en moins en filière B (elle cherche des élèves bons et motivés).

Dans la mesure où SCEI ne gère pas toutes les orientations possibles (par exemple, les inscriptions à l'université ou à l'étranger, les redoublements en 5/2, les auditeurs libres des ENS, etc), il y a automatiquement des fuites de candidats dans SCEI, c'est-à-dire des candidats appelés qui iront hors-système. Pour en tenir compte, les écoles font du surbooking. C'est à leur risque et péril : elles sont obligées de prendre les surbookés ! Deuxième raison qui conduit à faire du surbooking : pour accélérer la convergence du processus, dès le 2ième appel, SCEI n'affecte à une école pas plus que 5% des candidats appelés au 1er appel, ce qui oblige l'école à surbooker à l'appel 1 pour ne pas rester vide. Ainsi une école qui appelle 100 candidats à l'appel 1, en perd 30 ensuite et voudrait recompléter ne peut reprendre que 5 candidats aux appels suivants. Elle est forcée d'anticiper et de surbooker.

Pour quantifier leur surbooking, les écoles s'appuient sur l'historique des comportements des candidats (par exemple - attention cliché -, les PSI sont des chiens fidèles : ils font rarement 5/2, donnent leur réponse en 30 minutes sur SCEI et viennent sans discuter ; les MP sont des chats : ils vous classent très haut, vous promettent de venir et démissionnent au dernier moment pour aller à l'université/ENS, etc.). Les écoles utilisent aussi les résultats des simulations : en lisant le dossier de chaque candidat, on peut pronostiquer son envie d'accepter l'école ou de partir ailleurs et ajuster le nombre d'appelés. En cas de doute, il arrive aussi de téléphoner directement aux candidats qui répondent 'oui mais' pour sonder leurs intentions et affiner les estimations de places restantes.

Exception : les écoles de fonctionnaires sont interdites de surbooking et n'ont pas de places fongibles.

Vous aurez compris que le pilotage du remplissage des places par filière n'est pas une science exacte. Ce n'est même pas un objectif absolu. À la base, une école veut avant tout des bons élèves et des élèves motivés par l'école. C'est ce qui explique que les nombres de place affichés ne correspondent jamais exactement aux nombres d'élèves qui intègrent réellement.

Vous avez sûrement l'expérience de parcours sup. La dynamique de SCEI est totalement différente. Parcours sup ne cherche qu'à optimiser l'usage des places disponibles. Le regard des établissement a eu lieu en amont de parcours sup : absolument tous les candidats, avec des combinaisons de spécialités de terminale différentes, sont déjà interclassés. Les appels se font en temps quasi continu avec une forte pression de l'Etat pour que toutes les chaises des lycées/universités soient utilisées. Rien à voir avec SCEI où on interclasse les voies en jouant sur les rangs max.

Un dernier conseil. Chaque année, des candidats se mordent les doigts d'avoir bêtement recopié le classement de la presse spécialisée. Quand ils découvrent qu'ils sont affectés dans une école à dominante D alors qu'ils voulaient étudier D', ils font une triste mine et finissent en général en 5/2 ou à l'université.. Depuis quelques année, le phénomène est plus marqué ; probablement à cause de parcours sup qui ne force pas à classer. Commencez dès maintenant à vous renseigner sur l'école qui vous conviendra le mieux.

Bien à vous

[edit : ce message était initialement une réponse à ce sujet ; il a été épinglé et est donc sorti du fil originel]

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