A tous ceux qui doutent...
A tous ceux qui doutent...
Ce témoignage, je m’étais promis de le donner sur ce forum qui m'a tant aidée.
J'ai choisi de l'écrire au cœur du mois de décembre, quand les jours sont au plus court, quand la fatigue se fait sentir, quand les deux longues semaines à tirer avant les vacances semblent ne jamais vouloir finir. Il vous dit : ne perdez pas espoir.
Je suis la maman d'une jeune fille qui est aujourd'hui en école d'ingénieurs.
Très bonne élève d'un lycée parisien moyen/bon, elle est prise sur parcoursup dans une prépa parisienne de sélectivité moyenne/bonne. c'est sa prépa idéale (filière, distance au domicile, logistique, quartier, etc).
Parcoursup est derrière nous.
On part en vacances, avec les livres de français de sup.
Septembre arrive. Je vois ma fille travailler tous les jours jusqu'à minuit. En quelques semaines la voici dans un état "bizarre", mélange d'excitation et de tension nerveuse qui m'inquiète. Je ne connais rien aux "prépa", je lui demande de ralentir car je crains pour sa santé. Ça lui met un grand coup de frein, pendant que les autres continuent de charbonner comme des fous. Elle redevient "normale" mais se détache du reste de la classe et s'installe dans le dernier quart.
Les difficultés sont nombreuses. Elle ne saisit pas ce qu'on attend d'elle, comment il faut travailler, quelles méthodes adopter, etc. Elle s'isole, ça n'arrange pas la situation. Dotée d'un mental d'acier, elle s'acharne et se remet à travailler d'avantage. Elle rechigne à apprendre son cours sans le comprendre, elle s'obstine dans des méthodes qui - même à moi - semblent inefficaces. Je le lui dis, elle n'écoute rien.
En décembre, le prof la convoque pour la secouer, pensant qu'elle ne travaille pas. Intimidée, elle ne parvient pas à lui dire qu'elle peine à comprendre comment faire.
Néanmoins, elle apprend enfin son cours et... ses notes montent. Elle ne lâche rien.
Nous (ses parents) on réouvre parcoursup.
À noël, elle fait un stage intensif. Elle s'aperçoit qu'elle n'est pas si "mauvaise" et que plein d'autres élèves galèrent encore plus qu'elle. Ça fait du bien au moral et lui permet de combler des lacunes.
On l'inscrit au cycle annuel. Elle y va tous les samedi après-midi et peut poser sans honte toutes ses questions à des prof accessibles (les profs de la prépa le sont aussi mais bien plus intimidants).
Au conseil de classe de fin janvier, le CPE s'étonne des résultats de ma fille et (par erreur), m'appelle. Pour la première fois depuis septembre, j'ai accès à quelqu'un à qui je peux signaler son profil "dys". Le CPE la convoque et ... l'encourage. Ça remonte encore un peu sa confiance en elle.
Elle excelle en français (bon pour le moral), s'installe dans le 1er quart en langues (bon pour le moral), rame dans le dernier quart dans les matières scientifiques. Un solide groupe de copines complète le tableau ; chacune pleure à son tour et toutes rient ensemble (bon pour le moral). Elle s'épanouit dans l'ambiance du cycle annuel tous les samedi (bon pour le moral).
A chaque vacance, la moitié est consacrée à un stage intensif et aux devoirs, l'autre au repos. Elle travaille régulièrement (mais pas énormément). Et...elle ne lâche rien.
À la fin de l'année, 5 élèves ont décroché, 3 sont orientés en PSI, 10/15 passent en MP*, les autres passent en MP ... Elle est du nombre... On referme parcoursup.
On part en vacances, avec les livres de français de spé.
En spé, tout s'améliore : le rythme est moins intense, les connaissances acquises se placent dans sa tête, c'est plus clair. Le groupe est constitué. Les amitiés se fortifient. Les MP continuent de travailler avec les MP* (dont les performances commencer littéralement à s'envoler). Les profs encouragent et suivent chacun avec attention.
Ma fille tourne dans le troisième quart de la classe en sciences. En laisser 10 derrière soi, c'est meilleur pour l'image de soi. Et les maths, c'est "beau".
Les révisions sont un plaisir. Toute la bande se retrouve en bibliothèque. Des connaissances éparpillées trouvent leur place.
Enfin arrivent les écrits. Comme tout le monde, elle a peur. Un peu plus que tout le monde, elle manque des trucs, fait des erreurs bêtes, oublie ses feuilles, etc. ... mais elle passe.
Aux oraux, elle progresse encore, réussit bien certains concours et, au final, intègre l'une des écoles qu'elle visait ... avec - suprême bonheur - son inséparable copine.
Aujourd’hui elle vit sa meilleure vie, expérimente l'autonomie, se plante faute de comprendre les attendus (année 1) mais c'est pas grave. Ça va le faire.
Elle aime ce qu'elle fait, se fabrique des amitiés pour la vie, et a une infinité de possibles devant elle.
Ne lâchez rien.
L.
J'ai choisi de l'écrire au cœur du mois de décembre, quand les jours sont au plus court, quand la fatigue se fait sentir, quand les deux longues semaines à tirer avant les vacances semblent ne jamais vouloir finir. Il vous dit : ne perdez pas espoir.
Je suis la maman d'une jeune fille qui est aujourd'hui en école d'ingénieurs.
Très bonne élève d'un lycée parisien moyen/bon, elle est prise sur parcoursup dans une prépa parisienne de sélectivité moyenne/bonne. c'est sa prépa idéale (filière, distance au domicile, logistique, quartier, etc).
Parcoursup est derrière nous.
On part en vacances, avec les livres de français de sup.
Septembre arrive. Je vois ma fille travailler tous les jours jusqu'à minuit. En quelques semaines la voici dans un état "bizarre", mélange d'excitation et de tension nerveuse qui m'inquiète. Je ne connais rien aux "prépa", je lui demande de ralentir car je crains pour sa santé. Ça lui met un grand coup de frein, pendant que les autres continuent de charbonner comme des fous. Elle redevient "normale" mais se détache du reste de la classe et s'installe dans le dernier quart.
Les difficultés sont nombreuses. Elle ne saisit pas ce qu'on attend d'elle, comment il faut travailler, quelles méthodes adopter, etc. Elle s'isole, ça n'arrange pas la situation. Dotée d'un mental d'acier, elle s'acharne et se remet à travailler d'avantage. Elle rechigne à apprendre son cours sans le comprendre, elle s'obstine dans des méthodes qui - même à moi - semblent inefficaces. Je le lui dis, elle n'écoute rien.
En décembre, le prof la convoque pour la secouer, pensant qu'elle ne travaille pas. Intimidée, elle ne parvient pas à lui dire qu'elle peine à comprendre comment faire.
Néanmoins, elle apprend enfin son cours et... ses notes montent. Elle ne lâche rien.
Nous (ses parents) on réouvre parcoursup.
À noël, elle fait un stage intensif. Elle s'aperçoit qu'elle n'est pas si "mauvaise" et que plein d'autres élèves galèrent encore plus qu'elle. Ça fait du bien au moral et lui permet de combler des lacunes.
On l'inscrit au cycle annuel. Elle y va tous les samedi après-midi et peut poser sans honte toutes ses questions à des prof accessibles (les profs de la prépa le sont aussi mais bien plus intimidants).
Au conseil de classe de fin janvier, le CPE s'étonne des résultats de ma fille et (par erreur), m'appelle. Pour la première fois depuis septembre, j'ai accès à quelqu'un à qui je peux signaler son profil "dys". Le CPE la convoque et ... l'encourage. Ça remonte encore un peu sa confiance en elle.
Elle excelle en français (bon pour le moral), s'installe dans le 1er quart en langues (bon pour le moral), rame dans le dernier quart dans les matières scientifiques. Un solide groupe de copines complète le tableau ; chacune pleure à son tour et toutes rient ensemble (bon pour le moral). Elle s'épanouit dans l'ambiance du cycle annuel tous les samedi (bon pour le moral).
A chaque vacance, la moitié est consacrée à un stage intensif et aux devoirs, l'autre au repos. Elle travaille régulièrement (mais pas énormément). Et...elle ne lâche rien.
À la fin de l'année, 5 élèves ont décroché, 3 sont orientés en PSI, 10/15 passent en MP*, les autres passent en MP ... Elle est du nombre... On referme parcoursup.
On part en vacances, avec les livres de français de spé.
En spé, tout s'améliore : le rythme est moins intense, les connaissances acquises se placent dans sa tête, c'est plus clair. Le groupe est constitué. Les amitiés se fortifient. Les MP continuent de travailler avec les MP* (dont les performances commencer littéralement à s'envoler). Les profs encouragent et suivent chacun avec attention.
Ma fille tourne dans le troisième quart de la classe en sciences. En laisser 10 derrière soi, c'est meilleur pour l'image de soi. Et les maths, c'est "beau".
Les révisions sont un plaisir. Toute la bande se retrouve en bibliothèque. Des connaissances éparpillées trouvent leur place.
Enfin arrivent les écrits. Comme tout le monde, elle a peur. Un peu plus que tout le monde, elle manque des trucs, fait des erreurs bêtes, oublie ses feuilles, etc. ... mais elle passe.
Aux oraux, elle progresse encore, réussit bien certains concours et, au final, intègre l'une des écoles qu'elle visait ... avec - suprême bonheur - son inséparable copine.
Aujourd’hui elle vit sa meilleure vie, expérimente l'autonomie, se plante faute de comprendre les attendus (année 1) mais c'est pas grave. Ça va le faire.
Elle aime ce qu'elle fait, se fabrique des amitiés pour la vie, et a une infinité de possibles devant elle.
Ne lâchez rien.
L.
Dernière modification par laxmi le 15 déc. 2024 01:05, modifié 2 fois.
Re: A tous ceux qui doutent...
Beau retour d'expérience.... Votre fille en a quand même bavé en sup d'après votre récit.
Si c'est pas indiscret, possible de connaitre la prépa et l'école intégrée ?
Si c'est pas indiscret, possible de connaitre la prépa et l'école intégrée ?
Re: A tous ceux qui doutent...
Merci d'avoir pris le temps d'écrire ce témoignage.
Je trouve que c'est un récit glaçant - je crois que mon opinion a priori positive sur les CPGE s'érode peu à peu en lisant le Forum...
Je note que votre fille est très dyslexique.
A posteriori, referiez-vous (elle et vous) les mêmes choix ?
Je trouve que c'est un récit glaçant - je crois que mon opinion a priori positive sur les CPGE s'érode peu à peu en lisant le Forum...
Je note que votre fille est très dyslexique.
A posteriori, referiez-vous (elle et vous) les mêmes choix ?
Re: A tous ceux qui doutent...
Pourquoi glaçant ?
Ce sont des études supérieures exigeantes, comme d’autres.
Évidemment que le lycée n’y prépare pas vu ce qui y est demandé, l’encadrement y est moindre et que souvent le choc est rude.
Ce sont des études supérieures exigeantes, comme d’autres.
Évidemment que le lycée n’y prépare pas vu ce qui y est demandé, l’encadrement y est moindre et que souvent le choc est rude.
Re: A tous ceux qui doutent...
On note surtout qu'il y a des anomalies de fonctionnement assez graves dans la prépa en question, sans revenir sur tout ce qui a été dit :
- quand on a un élève "dys", il faut évidemment que toute l'équipe pédagogique en soit informée dès la rentrée, il est impensable qu'en janvier personne ne soit au courant (et même s'il n'y a pas vraiment de procédure standard pour signaler la chose, en pratique, s'il y a notamment une dyslexie importante, ça se voit dès la première copie corrigée et le prof va aller en parler à l'élève).
- le rythme moins intense en MP (même sans *) qu'en MPSI, ça ne devrait pas être possible (la deuxième année est plus courte,les concours approchent, et bien sûr il est logique de faire monter graduellement le rythme au cours des deux années de prépa). Je soupçonne fortement que vous êtes tombés sur une classe de MPSI où ça fonctionnait "à l'ancienne", avec une pression inadaptée et une bienveillance à l'égard des étudiants inexistante.
Quoi qu'il en soit, merci pour le témoignage !
- quand on a un élève "dys", il faut évidemment que toute l'équipe pédagogique en soit informée dès la rentrée, il est impensable qu'en janvier personne ne soit au courant (et même s'il n'y a pas vraiment de procédure standard pour signaler la chose, en pratique, s'il y a notamment une dyslexie importante, ça se voit dès la première copie corrigée et le prof va aller en parler à l'élève).
- le rythme moins intense en MP (même sans *) qu'en MPSI, ça ne devrait pas être possible (la deuxième année est plus courte,les concours approchent, et bien sûr il est logique de faire monter graduellement le rythme au cours des deux années de prépa). Je soupçonne fortement que vous êtes tombés sur une classe de MPSI où ça fonctionnait "à l'ancienne", avec une pression inadaptée et une bienveillance à l'égard des étudiants inexistante.
Quoi qu'il en soit, merci pour le témoignage !
Professeur de mathématiques en MPSI, Lycée Camille Jullian (Bordeaux)
Re: A tous ceux qui doutent...
Très beau témoignage. Merci et bravo à votre fille pour sa persévérance.
Il ne faut jamais rien lâcher et se battre jusqu'au bout.
Il ne faut jamais rien lâcher et se battre jusqu'au bout.

Mum 3 ex prépa
MPSI/PSI Hoche ENSTA/INSTN/ScPo
PTSI/PT Benjam ESTP
MPSI/PSI Saint-Louis ENSAE

MPSI/PSI Hoche ENSTA/INSTN/ScPo
PTSI/PT Benjam ESTP
MPSI/PSI Saint-Louis ENSAE
Re: A tous ceux qui doutent...
Merci pour le témoignage, pour ceux qui y puiseront du réconfort.
Et oui en prépa, il y a forcément un nouveau classement qui se met en place. Difficile de garder le moral quand on est en fin de classe.
pour répondre à GLafon, je doute que les profs soient au courant (et pas que en CPGE d'ailleurs)
Ma fille n'a eu aucune adaptation. Le prof de francais est allé jusqu'à lui enlever 8 points/20 à cause des fautes liés à sa dyslexie/dysorthographie. S'il le savait, il ne l'a jamais laissé entendre à ma fille ou dans ses commentaires sur le bulletin...
Enfin, c'est pas grave, cela n'a pas atteint moralement ma fille plus que ça. Les dys qui arrivent scolairement à faire des études exigeantes ont généralement développé une résilience de caractères.
Je souhaite une belle route à la fille de Laxmi, une belle vie d'étudiante épanouissante !
Et oui en prépa, il y a forcément un nouveau classement qui se met en place. Difficile de garder le moral quand on est en fin de classe.
pour répondre à GLafon, je doute que les profs soient au courant (et pas que en CPGE d'ailleurs)
Ma fille n'a eu aucune adaptation. Le prof de francais est allé jusqu'à lui enlever 8 points/20 à cause des fautes liés à sa dyslexie/dysorthographie. S'il le savait, il ne l'a jamais laissé entendre à ma fille ou dans ses commentaires sur le bulletin...
Enfin, c'est pas grave, cela n'a pas atteint moralement ma fille plus que ça. Les dys qui arrivent scolairement à faire des études exigeantes ont généralement développé une résilience de caractères.
Je souhaite une belle route à la fille de Laxmi, une belle vie d'étudiante épanouissante !
Mum de 2 futurs informaticiens
Prép'Isima
MP2I/Bossuet
Prép'Isima
MP2I/Bossuet
Re: A tous ceux qui doutent...
franchement, cela n'a pas d'importance.
je délivre juste un témoignage.
je ne donne ni une leçon de vie ni un cas général.
chaque histoire est différente.
celle qui a vécu les choses avec le plus de difficultés c'est peut-être moi, sa maman.
elle, elle était dans l'action avec ses copines, ses joies et ses peines.
elle a un mental d'acier, c'est sûr.
mais il est est absolument certain que le retour à la maison tous les soirs avec un encadrement familial chaleureux et les amis d'enfance et d'adolescence tous proches, a été un facteur positif.
L.
Dernière modification par laxmi le 13 déc. 2024 12:29, modifié 3 fois.
Re: A tous ceux qui doutent...
oui oui. Il est important de préciser qu'elle referait EXACTEMENT les mêmes choix.Jhac9 a écrit : ↑13 déc. 2024 06:53Merci d'avoir pris le temps d'écrire ce témoignage.
Je trouve que c'est un récit glaçant - je crois que mon opinion a priori positive sur les CPGE s'érode peu à peu en lisant le Forum...
Je note que votre fille est très dyslexique.
A posteriori, referiez-vous (elle et vous) les mêmes choix ?
Elle a aimé sa prépa malgré les difficultés. cela lui a donné une excellente formation. les résultats de la classe de MP cette année, prouvent que le niveau de sa classe (et du sien) étaient bons à l'échelon national.
il faut mettre en comparaison une CPGE et une fac ou un BUT ou une école post-bac, pour évaluer ce qui est le mieux pour son enfant.
elle n'est pas "très" dyslexique. Au lycée, elle avait des aménagements "maison" mais rien au bac. j'avais appelé l'infirmière en début d'année. Elle avait contrôlé mes dires auprès du lycée d'origine, mais aucun message n'a été transmis aux professeurs. Les parents n'y avaient pas accès au motif que les jeunes sont majeurs.
L.
Dernière modification par laxmi le 13 déc. 2024 12:31, modifié 1 fois.
Re: A tous ceux qui doutent...
Beau témoignage. Curieux que le rythme ait été plus light en spé, mais cela dépend beaucoup des profs et des élèves. À mon époque j'avais bien senti en spé qu'on passait la seconde...
Pour les élèves "dys" il est important de le signaler (y compris une fois en école) car il n'y a aucun souci pour faire des tiers-temps aux épreuves. Mais en tant qu'enseignant, sans la confirmation médicale on ne peut rien faire (c'est triste mais on ne croit pas les étudiants sur parole !).
Pour les élèves "dys" il est important de le signaler (y compris une fois en école) car il n'y a aucun souci pour faire des tiers-temps aux épreuves. Mais en tant qu'enseignant, sans la confirmation médicale on ne peut rien faire (c'est triste mais on ne croit pas les étudiants sur parole !).