Etant moi-même en troisième année à l'ENSAI, filière Systèmes d'Information Statistique (SIS), actuellement en stage de fin d'étude, je me permets de répondre à tes questions :
Les étudiants choisissant le statut de fonctionnaire ne passent que deux ans à l'école (sauf pour ceux désirant intégrer des postes informatiques type CNI qui suivent également la filière SIS), sont payés durant leurs études, mais doivent, en contrepartie, travailler 6 années après être sortis de l'école pour l'état. Contrairement aux ingénieurs, ils ne reçoivent pas le diplôme d'ingénieur à l'issu de leur scolarité.
Comme tu l'as rappelé, les filières de troisième année sont :
1 - Génie statistique -> Statistiques avancées, à destination de l'industrie
2 - Gestion des risques et Ingénierie financière -> Fillière finance donc
3 - Statistique pour les sciences de la vie -> Biostat
4 - Systèmes d'information statistique -> Datamining, datawarehousing, etc. : info pour les stats
5 - Statistique pour l'économie de la santé -> J'avoue ne pas trop connaitre
6 - Marketing quantitatif et Gestion de la relation client -> Fillière marketing (datamining etc.)
Le choix d'une filière en troisième année ne t'empêche aucunement de changer de domaine par la suite, j'en connais plusieurs qui l'ont fait (parfois de manière transparente, vu que ton travail peut être amené à évoluer selon les besoins de l'entreprise. Pour citer mon exemple, en filière stats et info, je fais plutôt un travail de génie stat à l'heure actuelle, et assez peu d'info, alors que certains de mes camarades SIS ne font que de l'info. Bien sûr certains concilient les deux). J'ajoute enfin que ta filière de spécialisation n'apparait pas sur ton diplome : tu n'es donc vraiment pas "marqué à vie" comme appartenant à telle fillière. Et vu que la troisième année ne dure qu'un semestre (on a 6 mois de stage de fin d'étude), il est tout à fait envisageable de rattraper les cours qui te font défaut.
Concernant le niveau de difficulté d'entrée, c'est assez difficile de le juger vu que l'école recrute en banque de note CCP en utilisant des barres d'admission et un barème propre (exit la physique notamment), toutefois elle se situe dans la première moitié des CCP. Globalement j'ai eu le sentiment qu'il y avait un bon niveau, d'autant qu'on bosse pas mal sur les 3 années, j'ai pas spécialement eu l'impression de dormir pendant 3 ans, chose qu'on me promettait pourtant en prépa quand on parlait de l'école d'ingé.
Pour ce qui est du comparatif ENSAI/ISUP, je vais pas m'y risquer vu que c'est aussi hasardeux que subjectif (surtout pour des gens qui n'ont mis les pieds ni dans l'une, ni dans l'autre). Les formations et le statut sont finalement assez différents entre ces deux écoles. Ce que je peux néanmoins faire remarquer, c'est que l'ensai délivre le diplôme d'ingénieur statisticien visé par la CTI, chose que ne fait pas l'ISUP.
Concernant l'ENSAE, la formation est effectivement, en terme de prestige, d'un niveau au dessus car sur concours mines-pont, mais les enseignements sont visiblement davantage tournés vers l'économie (l'un de mes collègues est passé par l'ENSAE et a recu, de son propre point de vue, une formation d'économiste plus que de statisticien). Du coup l'ensai n'est pas juste un ersatz d'ensae, c'est une formation avec ses spécificités propres (même si l'enseignement statistique est une base commune). Et pour la petite histoire (cf. Wikipedia, histoire de l'ensae) : "En 1994, la Division des cadres de gestion statistique et des attachés, qui formait les attachés de l’Insee, devient une école à part entière, l’Ensai, relocalisée à Bruz, près de Rennes."
Sinon concernant ton deuxième message :
Le métier d'actuaire est peut être pas très médiatisé pour les mêmes raison que l'ensemble des métiers de la finance ne sont pas très médiatisés : question d'éthique.
Pourquoi on ne parle pas de statistique sur les forums ? Parce que personne ne sait ce que c'est : à niveau bac, les gens n'ont, en général recu que de vagues notions de stat descriptive en fin de terminale (enseignement rarement traité en priorité par les profs). Du coup, pour les bacheliers, un statisticien/probabiliste c'est quelqu'un qui compte des boules rouges dans une urne et trace des camemberts à longueur de journée. Y a pas de stats au programme de MPSI/MP, donc les gens qui optent pour les classes prépas n'ont en général pas plus d'idées sur le sujet que celles qu'ils avaient au bac.
Ce qui peut également expliquer que les stats soient assez peu connues, en dehors des métiers ou les chiffres interviennent systématiquement, comme la finance (dans l'esprit des gens), c'est le caractère assez récent des théories qui y sont associées, et le caractère encore plus récent des outils statistiques informatiques, qui ont véritablement permis le traitement et la modélisation de grands ensembles de données : avant la démocratisation de l'informatique, difficile de faire des stats, à part quelques moyennes sur des populations restreintes.
Pour l'anecdote, le département dans lequel j'effectue mon stage est principalement composé de personnes issues de formations types supelec, qui se sont mises aux statistiques car les modèles statistiques étaient requis pour leurs études.
Sinon, les raisons qui expliquent le fait que l'école n'est pas forcément bien classée sur les palmares :
- elle est assez récente (16 ans), difficile de rivaliser, en terme de renommée, face aux ténors du milieux, qui affichent des décennies d'ancienneté et tout autant de promos.
- le domaine des stats se prête sans doute moins à l'expérimentation que pour les écoles de physique, chimie, méca, info... qui possèdent généralement un certain nombre d'infrastructure dédiées.
- l'école n'est pas très ouverte à l'international à l'heure actuelle, principalement en raison de sa jeunesse. Les choses commencent à bouger depuis deux ans ceci dit. Toutefois, dans la mesure où l'école forme presque la moitié de fonctionnaires, qui partent travailler pour l'insee en France, la problématique de l'international ne sera sans doute jamais aussi présente que pour une école qui doit placer 100% de ses promos sur le marché du travail. L'école entretient toutefois des contacts avec des universitées américaines et anglaises. Sur ma promo, il me semble que 4 personnes ont choisi de faire une année de césure à l'étranger entre leur 2ème et leur 3ème année.
Pour conclure : on compte assez peu de formations d'ingénieur en statistique (faire une recherche du mot "statistique" sur la liste des écoles habilitées par la CTI en 2010 à fournir un diplome d'ingénieur ne retourne que l'université de Lille 1 et l'ensai), paradoxalement il y a un réel besoin (croissant en plus) pour ce type de profil sur le marché du travail, et ce dans des secteurs extrêmement variés. C'est d'ailleurs tout ce qui fait l'intérêt des statistiques : une formation assez spécialisée qui s'applique à des domaines extrêmement divers.
L'ensai dispense en outre un bon niveau d'enseignement en informatique (développement, projets informatiques) (et ce dès la première année) que l'on ne retrouve pas forcément dans les formations statistiques équivalentes, et qui constitue un réel atout (de l'expérience que j'ai pu avoir sur mes deux derniers stages).
Après si tu vises l'actuariat à tout prix, l'isup est sans doute plus adaptée, mais personnelement je ne regrette absolument pas mon choix.
( dernier conseil, si l'aventure te tente : ne fait pas fonk

)