train epicycloidal a écrit :C'est bien gentil mais peut-être faut-il savoir raison garder ? Il y a une mesure et il n'est pas normal que pour une poignée d'effarouchée, la très grande majorité des élèves soit privée d'un moment de convivialité qui dégénère rarement en drame humiliant.
Je n'ai en tout cas jamais personnellement rencontré des personnes choquées à vie par de mauvaises soirées ou par une intégration mal vécue.
Le choix est réel. On peut comprendre que les beuveries ne soient pas du goût de tout le monde.
Je n'ai jamais entendu parler d'une poignée d'étudiants d'effarouchés qui ont privé la « très grande majorité » de moments de convivialité. Mais alors jamais.
Je précise tout d'abord: je bois (parfois un peu trop), je fais la fête, je sais m'amuser.
Pourtant, tout ce que j'ai vu (sauts dans une bassine de vomi, jets d'oeufs, de farine, de vinaigre ou de nourriture pour chien, obligation de boire des huiles, vinaigres, de manger des aliments pour chevaux ou de comas éthyliques en série... je tairais l'école) ne correspondait pas vraiment à ma définition de "moment de convivialité".
De la même façon, empêcher des étudiants dans un bus de dormir de 19 h à midi, sous peine du châtiment du "bite-oreille" (tout est dans le titre), en hurlant dans des mégaphones et en incitant ses demoiselles à mimer des actes avec des saucisses, je ne trouvais pas les moments particulièrement conviviaux.
Ca existe, dans de grandes écoles, aujourd'hui, et c'est anormal à mes yeux. Je suis loin de vouloir imposer ma morale, mais j'ai plutôt l'impression de ne pas être celui qui impose quelque chose lorsque je suis amené à le subir.
Vois-tu, ce n'est pas parce que l'on s'oppose à ce genre de pratiques que l'on est contre l'intégration en école, et que l'on est un être fragile et apeuré. Au contraire, devrai-je dire, car les fragiles et apeurés sont justement ceux qui subissent sans rien dire.
Je n'ai bien sûr rien contre les intégrations en général. Je me souviens en prépa avoir vendu du papier toilette sur la grande place de Lille, fais une haie d'honneur ou imité des canards harmoniques... mais aussi avoir participé à quelques soirées alcoolisées et en chansons et ce sont vraiment d'excellents souvenirs.
Quant à la définition légale du bizutage qui considérerait un bizutage même lorsqu'il est choisit librement, cela me fait plutôt rire.
Pourquoi donc ce conditionnel ?
Tu doutes de ma citation de la loi ?
Article 225-16-1 du code pénal :
Le fait pour une personne d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif
Vais-je m'installer à la terrasse d'un café et porter plainte parce que le garçon me propose une bière ?
Aucun rapport :
- ce n'est pas une manifestation ou une réunion, et encore moins liée aux milieux scolaire et socio-éducatif ;
- tu ne subis ni ne commets aucun acte humiliant ou dégradant.
Tu remarqueras que personne ne parle d'alcool, dans cette loi, si bien que je ne sais pas pourquoi tu fais une fixette dessus. Obliger à faire boire quelqu'un relève bien du pénal.
Pour la question du « un bizutage même lorsqu'il est choisit librement », tout est dans le « contre son gré ou non » de la loi. Crois-le ou non, c'est le point de la loi qui faisait le moins débat lorsqu'elle est passée (le caractère conflictuel dans le débat parlementaire tournant plutôt autour de la définition des actes humiliants ou dégradants, la gauche souhaitant une définition jurisprudentielle alors que la droite souhaitait que le législateur précise les termes).
Pourquoi cela ne fait-il pas débat ? Parce que la loi n'aurait
absolument eu aucune portée, aucun intérêt, aucun effet, sans cela. Indiquer "contre son gré" oblige le plaignant à prouver qu'on l'a forcé à faire quelque chose. Or, c'est impossible à prouver en pratique, puisque ce sont évidemment des gens qui se retrouvent là à faire des trucs qui ne veulent pas au milieu de la foule, par mimétisme et pression sociale.
L'objectif de cette loi était d'éradiquer le bizutage. C'était inatteignable sans cette condition, puisque justement, le moteur de ce dernier est qu'il est à la fois subi et choisi par les victimes et leurs bourreaux, pour tout un tas de raisons psychologiques que l'on comprend parfois difficilement, vu de l'extérieur, lorsque l'on voit l'intensité de ce qui pouvait se faire à l'époque.
Donc oui : si tu organises une manifestation, que tu incites un 1A à, disons, faire quelque chose d'humiliant ou de dégradant, ou que tu l'incites à lui faire faire à quelqu'un d'autres, et qu'il éprouve des remords, c'est pour ta pomme.
Pour prendre un exemple extrème pour ceux qui trouveraient ça injuste : ça ne choque personne qu'on arrête les commanditaires d'assassinats, et pas seulement les exécutants, non ?
Pour en revenir au sujet initial, je ne peux que proposer une initiative originale menée par mes camarades de prépa : remplissez les carafes d'eau du self par de gentils poissons rouges. C'est du meilleur effet si c'est fait au moment ad hoc.
Ca c'est marrant
