Je ne suis pas encore en prépa, donc probablement mal placée pour juger de tout ça. Mon avis vaut ce qu'il vaut, mais j'aimerais quand même répondre à mon tour...
D'abord, comme d'autres l'ont déjà dit, j'ai l'impression que la façon de vivre la prépa varie tellement d'un individu à un autre qu'il paraît compliqué d'attribuer un mauvais vécu au "système". Parmi les personnes que je connais ayant fait une prépa (notamment mes frères), certains l'ont très bien vécu (un an de plus ne les auraient pas dérangés !), d'autres n'ont simplement pas supporté. Alors, dire que c'est "à cause du système"... Le fait qu'il ne convienne pas à tout le monde ne signifie pas qu'il est mauvais ; je doute qu'il existe un système permettant à absolument tous de s'épanouir.
D'ailleurs, quelles serait les raisons de ses imperfections ? L'esprit de concours ? Quel que soit le système, la sélection s'effectue tôt ou tard ; dans certaines facs au niveau du master, dans certaines écoles au niveau du bac. Dans le cas des prépas (scientifiques), il ne s'agit même pas d'une sélection, mais d'une répartition entre les différentes écoles ; chacun est donc libre, selon ses attentes, de se fixer des objectifs et de contribuer ou non à un quelconque esprit de compétition.
Si on admet que cette répartition doit avoir lieu tôt ou tard, est-ce que ce sont ses modalités -les concours- qui poseraient problème ? Une sélection sur dossier me paraît beaucoup moins équitable, et contribuerait tout autant, si ce n'est plus, à entretenir une rivalité entre les candidats, puisqu'ils seraient mis directement en concurrence avec les autres élèves de leur classe, et non des inconnus.
Quant à avancer cette répartition à la terminale... Je rejoins tom pouce :
tom pouce a écrit :
En ce qui concerne les pays nordiques, je rappellerai juste que le niveau de sortie des élèves n'a rien à voir à celui que nous avons nous. Les études le prouvent, nous avons un système scolaire en perte de vitesse, et il suffit de demander à un CE1 d'aujourd'hui pour voir que rien que les tables de multiplications sont désormais étalées sur 2 ans, chose impensable il y a 10 ans de ça; et je n'ose même pas parler du bac d'il y a 20 ans qui fait figure de sujet très difficile en premier DS (qui tient largement 4h). Cette baisse de niveau n'a pas eu lieu dans les pays nordiques, et faire un concours en terminale c'est faire un concours pour des élèves qui ont déjà bossé bien plus intensément que nous. Sans compter l'existence de parcours dédiés comme le dit trofub...
Quand je vois le relativement faible niveau d'exigence au bac, et le nombre de personnes (ayant les moyens !) qui suivent des cours particuliers au lycée... Et bien non, je n'ai aucune envie de passer des concours au niveau de la terminale. S'il fallait comparer l'équité du concours de science po 1ère année et ceux de CCP ou encore mieux (car gratuit) de l'ENS... Je crois qu'il ne serait pas très compliqué de trancher.
Pour revenir (encore) sur l'esprit de compétition...
Dans ma classe, cette année (en terminale donc), quand notre prof principal nous expliquait qu'il ne fallait pas considérer que nous étions en compétition entre nous, la réaction immédiate de certains élèves était de répondre que si, bien sûr, nous étions en compétition, que c'était "inhérent" au type de classe dans lequel nous étions et tout à fait normal. J'avoue que bien qu'étant dans cette classe depuis deux ans, cette réponse spontanée (de notre délégué en plus, je crois) m'a laissée assez... étonnée, malgré tout.
Comme quoi, avec les stress des dossiers (pas que pour la prépa d'ailleurs !), on trouve toujours des personnes dont "le seul but est d'écraser son concurrent" (pour reprendre les mots bibilapuree), même en terminale. Pour autant, personne n'est allé accuser le "système" du lycée. Pourquoi est-il plus facile de rejeter la faute sur le "système" en prépa ?
Revenons à mon exemple, qui n'est bien sûr, qu'un exemple. Cette classe de terminale, qu'est-elle devenue ?
Il y a ceux qui n'ont pas adhéré à cet esprit de rivalité, qui ont simplement envie de faire une prépa, et pour lesquels le prestige de cette prépa n'a aucune importance. Dans une grande ville, la constitution d'une liste de vœux n'aurait sans doute pas soulevé énormément de questions - si on est assez près d'une grande prépa, pourquoi ne pas la demander ? Mais ce n'est pas mon cas. Certains ont préféré opté quand même pour une de ces "grandes" prépa, d'autre, comme moi, ont préféré rester dans la même ville.
Quant aux autres, ceux qui considèrent que l'esprit de compétition peut être "inhérent", il va sans dire que la prépa de mon lycée n'était "pas assez bien pour eux" (ce qui n'empêche pas d'autres élèves, avec plus de 19 de moyenne au bac, de choisir d'y aller, mais bon ; passons.). Ils ont donc constitué leur liste de voeux en conséquence, et iront dans la prépa la plus prestigieuses qui le aura accepté.
Encore une fois, ce n'est que mon avis, mais cette répartition des élèves certes selon leur niveau, mais aussi selon les motivations qui les poussent à faire leur choix a très probablement des conséquences sur les classes qu'ils formeront. A cela s'ajoutent les différences de pédagogie entre professeurs (mettre les élève en confiance ou sous pression, ... ; elles existent déjà au lycée, cela me semble probable que ce soit aussi le cas en prépa), les différences d'objectifs des établissements, ...
Bref, tout cela pour en venir au fait que "l'esprit concours" n'est pas forcément lié au système, mais simplement plus ou moins présent dans certains lycées et certaines classes.
Et on entend au moins aussi souvent parler d’ambiance agréable et d’entraide que l’inverse !
Dans la mesure où on est libre de choisir quels lycées on place dans sa liste de vœux selon ses propres critères, sachant ce qui est susceptible de mieux nous convenir, cela limite à mon avis certains risques…