APB : comment ca marche ?

Un problème, une question, un nouveau théorème ?

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Re: APB : comment ca marche ?

Message par Der RHDJ » 31 mai 2014 12:18

C'est une image; en réalité la production de chocolat est automatisée.
2012-2013 : 1/2 insouciante
2013-2014 : 3/2 arrogante
2014-2015 : 5/2 aigrie ET arrogante
X2015
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Re: APB : comment ca marche ?

Message par padpad » 11 sept. 2014 17:21

Oui mais tout ça c'est pour le APB voie scientifique, qui fonctionne "bêtement" avec un algorithme.

Le APB en sciences humaines, lui il est achement plus futé, il fonctionne avec ... un logarithme.
SPOILER:
photo75-ret.jpg
photo75-ret.jpg (327.87 Kio) Consulté 1877 fois
Celui qui entre dans le moule de la pensée unique ne doit pas s'étonner d'en sortir avec la pensée unique d'une moule.
Ou si vous préférez, plus on essaie de rentrer dans le moule plus on ressemble à une tarte.

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Re: APB : comment ca marche selon l'éloignement ?

Message par PascalB » 04 nov. 2014 17:45

padpad a écrit :la fac la plus proche n'est souvent pas en région parisienne la fac de l'académie mais souvent la fac de l'académie voisine
À noter que l'attribution d'une bourse sur critères sociaux tient compte de la distance :

"L'appréciation de l'éloignement relève de la compétence du recteur d'académie qui fonde ses décisions sur les données extraites du répertoire des communes de l'Institut géographique national (IGN) et du fichier de la Poste."

Source : http://www.adressrlr.cndp.fr
Circulaire no 2014-0010 du 2 juillet 2014

http://www.adressrlr.cndp.fr/index.php? ... e]=article
L'enfer est pavé de bonnes intentions (expression attribuée à Bernard de Clairvaux, 12e siècle).

Remarque : je n'ai pas le temps de chaluter tous les messages du forum - me contacter aussi par Message Privé si vous souhaitez une réponse de ma part.

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Re: APB : comment ca marche ?

Message par padpad » 24 juil. 2015 00:36

un reportage assez complet sur APB

http://rue89.nouvelobs.com/2015/07/23/o ... see-260411
Votre orientation scolaire ne tient qu’à une formule de maths (biaisée)
Robin Prudent | Journaliste Rue89

Deux algorithmes font frémir parents et élèves : Affelnet et Admission Post-Bac. En cause, leur opacité qui déroute et leurs conséquences radicales sur la mixité sociale et scolaire.

Anne n’en revient pas. Sa fille, Sophie (les prénoms ont été modifiés), bonne élève avec 15 de moyenne en terminale, option langue rare, et félicitations du jury à chaque trimestre, n’ira pas en double licence Sciences-Po-anglais à la rentrée.

Après de longues semaines en liste d’attente, l’algorithme d’Admission Post-Bac (APB) – le logiciel de répartition des étudiants – a rendu son troisième et dernier verdict mi-juillet. La jeune fille ne pourra pas intégrer cette formation dans une faculté lyonnaise, bien que celle-ci soit « non sélective ». A la place, elle devra se « contenter » de son cinquième vœu : anthropologie et ethnologie. Sa mère n’en revient pas.

« C’est donc une vaste “fumisterie” que cet APB. »

Tirage au sort pour la licence

L’indignation des parents et la colère des élèves ne cessent de grandir en cet entre-deux scolaire. Et pour cause : personne ne connaît la formule magique de l’algorithme qui aura le dernier mot sur son orientation.

Coup de dés (fady habib/Flickr/CC)

Pour le cas de Sophie, son avenir s’est décidé… sur un coup de dés. Le hasard. C’est ce que nous confirme l’académie de Lyon :

« Certaines licences ont des capacités d’accueil limitée, c’est-à-dire que le nombre de candidatures est supérieur au nombre de places vacantes. Dans ce cas, un tri aléatoire est effectué de manière uniforme par APB. »

Les jeunes bacheliers n’ont plus qu’à espérer que les planètes soient bien alignées pour pouvoir étudier leurs matières fétiches. Plus troublant, « l’uniformité » de ce tirage au sort n’est pas universelle.

« Ce tri s’effectue prioritairement entre les candidats qui résident dans l’académie ou y passent leur baccalauréat et en fonction de l’ordre des vœux formulés.

Les candidats de l’académie sont prioritaires, puis ceux des autres académies. Parmi les candidats de l’académie, sont prioritaires ceux qui ont classé la formation en vœu n°1, puis ceux qui l’ont classée en vœu n°2, etc. Il en est de même pour les candidats des autres académies. »

Une pratique banalisée

Pour Sophie, lycéenne en dehors de l’académie de Lyon, les chances d’admission étaient donc très faibles. L’Unef, syndicat étudiant, pointe du doigt ce système :

« Le tirage au sort était marginal il y a quelques années, la pratique s’est aujourd’hui banalisée pour certaines filière comme les doubles licences ou Staps. »

La mère de Sophie n’a pas voulu en rester là, elle a décidé d’écrire une lettre au président de la République, restée sans réponse. L’académie, elle, avance ses arguments :

« L’article L.612-3 du Code de l’éducation dispose que les dispositions relatives à la répartition entre les établissements et les formations excluent toute sélection.

Le tirage au sort est la seule modalité juridiquement compatible avec ce principe de non-sélection. »

« Peu de place à l’humain »

Les élèves et leurs parents se retrouvent ainsi devant une « machine automatique qui laisse peu de place à l’humain », pour Michel Dubarry, administrateur national de la FCPE.

Cette machine, certains la connaissent bien. C’est le cas de Julien Grenet, chercheur en économie et directeur adjoint de l’Institut des politiques publiques (IPP), qui s’est intéressé au fonctionnement des algorithmes de répartition scolaire.

« L’utilisation d’un système d’algorithme n’est pas une exception française, ce sont des systèmes largement répandus en Europe. Certains l’utilisent dès la maternelle. En France, ils ont été généralisés dans les années 2000.

L’objectif est de créer des algorithmes non manipulables. C’est-à-dire qu’on ne peut pas gagner à ne pas être sincère. Il n’y a pas de stratégie particulière à adopter car on ne peut pas perdre sa priorité. »

Le principe s’appuie sur les travaux de David Gale et Lloyd Shapley, prix Nobel d’économie en 2012 pour leur algorithme sur les mariages stables, faisant un parallèle avec les admissions à l’université. L’objectif est de concilier deux étapes : deux personnes voulant se marier, ou dans notre cas, un élève et un établissement, pour que chacun trouve un « appareillage » stable et respectant au maximum ses priorités.
Des bonus qui biaisent la formule

Admission Post-Bac ne serait alors qu’un site de rencontres selon les affinités, éducatives, de chacun. Julien Grenet :

« Le classement des vœux ne devrait, théoriquement, avoir aucun impact. Sauf que certaines académies ont un “bonus premier vœu”, qui fausse complètement la liste des préférences.

Deuxième entorse : la mise en place de tirages au sort des élèves qui ont fait le même vœu lorsqu’il s’agit de filière non sélective, mais avec trop de demandes.

Ces critères réintroduisent de la stratégie et remettent en cause l’algorithme. »

Admission Post-Bac n’est pas le seul mécanisme concerné. Un autre algorithme, bien connu des jeunes habitants d’Île-de-France, provoque aussi des sueurs froides chez les parents : Affelnet. L’application sert à répartir les élèves de troisième dans les lycées de la région de manière rationnelle.

« Sur le papier, Affelnet permet de rompre avec l’opacité totale, comme cela prévalait avant à Paris pour l’affectation des lycées. Les données que nous avons montrent que le système fonctionne assez bien. Les dérogations sont peu nombreuses. »

Mais la « pureté » mathématique ne prévaut pas pour autant. Au fil du temps, un certain nombre de limites et d’aménagements ont été mis en place, aux conséquences majeures sur les affectations.
Stratégies contre-productives

Par exemple, Affelnet limite le nombre de vœux. Un collégien parisien ne pourra inscrire que huit vœux, même s’il a « théoriquement » le choix entre une quinzaine d’établissements de son secteur. Julien Grenet relève :

« Cela introduit une composante stratégique puisque les élèves doivent faire attention à mettre un lycée accessible dans leur liste pour ne pas se retrouver sans aucune affectation et devoir passer au second tour.

Du coup, certaines familles mettent ce “vœu raisonnable” en première position, alors qu’il faut garder l’ordre de préférence intact dans le classement. »

Au-delà des principes généraux, les académies peuvent fixer d’autres règles propres. C’est le cas dans celles de Paris et de Créteil. Les choix, politiques, qui ont été faits modifient complètement la répartition des élèves.

A Paris, les collégiens ont un large éventail de choix d’établissements, tous ceux de leur secteur (Nord, Sud, Est ou Ouest), soit plus d’une dizaine. Pour l’affectation, les notes de classe de troisième sont prises en compte mais pas la localisation géographique dans le secteur. S’ajoute à cela un bonus boursier, qui donne souvent le premier vœu à l’élève concerné.

A Créteil, l’algorithme donne toute la priorité à la géographie. Il existe une priorité totale au lycée le plus proche, que l’élève est sûr d’obtenir.
Ségrégation par les notes ou le quartier

Julien Grenet a rendu un rapport sur l’impact de ces conditions sur la mixité sociale et scolaire des établissements :

« A Paris, on retrouve des lycées très hiérarchisés avec une ségrégation par les notes quatre fois plus importante que dans les académies aux alentours. Les boursiers ont un grand avantage et leur proportion dans les grands lycées est en augmentation. On observe une baisse de 30% de la ségrégation sociale. C’est l’une des discriminations positives les plus importantes dans l’Education nationale.

A Créteil, le résultat ressemble davantage à la carte scolaire du collège, avec très peu de bonus et pas de prise en compte des notes. En cas d’égalité dans les points pour l’attribution d’un lycée en deuxième priorité, c’est le plus jeune qui l’emporte. »

Tout le système éducatif se trouve donc bouleversé par des choix de formule et de pondération dans un algorithme.

Une responsabilité qui mériterait un débat public démocratique. La répartition sociale et scolaire des élèves est en jeu. Mais les directives (PDF) laissent de grandes marges de manœuvre et les décisions se prennent surtout au niveau des rectorats, sans véritable implication politique.
Celui qui entre dans le moule de la pensée unique ne doit pas s'étonner d'en sortir avec la pensée unique d'une moule.
Ou si vous préférez, plus on essaie de rentrer dans le moule plus on ressemble à une tarte.

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