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par Nicolas G » 25 avr. 2016 00:23
On ne fait pas une dépression parce qu'on est déçu des cours, c'est un ensemble de choses. Imagine un type qui fait 3 ans de prépa, sans loisirs à côté, il fait que travailler. Sa seule raison de tenir c'est "Je vais avoir l'ens, je vais m'épanouir dans ma passion, mes sacrifices valent le coup". Et il s'aperçoit qu'il est dans un campus loin de tout, qu'il a passé 3 des meilleures années de sa vie à travailler pendant que d'autres s'amusaient, que peut être il n'arrive pas à s'intégrer, qu'il pensait peut être trouver une copine parce que ça fait 3 ans qu'il s'est plus intéressé à une fille (je caricature) et en plus il s'aperçoit que prof ou chercheur ça a beaucoup d'inconvénients, et que ses potes partis à l'X/centrale Paris gagneront le double de son salaire (sauf si il part ingé dans le privé, mais finalement ça le fait pas rêver non plus). Il a donc un passé moyen (3 ans de sa vie à travailler), un présent qui l'enchante pas et qui le déçoit surtout (un truc bête mais j'ai arrêté le tennis pendant 3 ans et c'est un bonheur d'en refaire cette année, mais à Ulm ou à Cachan vu l'état des cours c'est plus délicat. Ok c'est pas un motif de dépression ou encore moins de suicide mais c'est l'accumulation de détails comme ça qui pour moi joue) et il s'aperçoit que toute sa vie il risque de faire des choses qui ne lui plaisent pas avec des gens avec qui il ne s'entend pas. En plus que peut être il ne s'entend pas avec sa famille, donc il est seul et a le sentiment d'être incompris et rejeté. Il a l'impression que quoi qu'il fasse, il aura une vie morose. Donc autant mourir de suite vu que le reste de sa vie n'a aucun intérêt.
Je le vois comme ça. Comme une lassitude et l'accumulation de déceptions. En prépa j'ai connu régulièrement des périodes de 3 4 jours où j'étais déprimé, dégoûté (et même en école j'ai des périodes de déprime, mais beaucoup moins souvent heureusement), certains ont été traumatisé par la prépa et le regrettent. Pour ma part je suis très content de l'avoir fait, ça m'a beaucoup appris. Beaucoup de personnes de ce forum sont à l'X ou l'ENS (ou dans une grande parisienne), généralement cela correspond à une prépa sans trop de difficultés (pas sans travail, mais sans 3/25, 43eplace/45, des commentaires de profs assez méchants à répétitions). Il suffit d'un prof que l'on voit tous les jours, qui vous rabaisse quotidiennement, plus le stress, plus le manque de sommeil, pour que la prépa soit très mal vécue.
Cependant on nous explique que l'école c'est le paradis (ens ou non) et on finit par y croire. Le but c'est de nous motiver. Cela a deux effets néfastes : la déception plus ou moins grande des "grandes" écoles (personnellement tout n'est pas noir ou blanc, disons que ma satisfaction a baissé) et la négligence des autres cursus comme les magistères (je connaissais le magistère d'Orsay seulement de nom et je me dis que la physique fondamentale m'aurait bien plu, même si je suis content de faire des maths et de l'info, mais on me parlait h24 des arts/centrale/mines), et qu'on peut réussir et s'épanouir à la fac, et que ce n'est pas la déchéance après la prépa.
Pour moi le problème ne vient pas que des ens, mais des grandes écoles et de la manière dont on nous les présente (globalement je ne critique pas le système des grandes écoles et encore moins la prépa, sauf sur certains points, mais je ne remet pas en cause leur utilité et leur fondement). L'ens est encore plus sacralisée, et les cours de mauvaise qualité et le manque de suivi peuvent être plus mal vécu qu'en école d'ingé, ce qui fait que peut être le problème ressort plus. Après c'est mon avis de fin de 1A non normalien. Mais oui pour moi on peut être en dépression sans être malade ou démuni, je trouve ça assez triste de critiquer de faible quelqu'un qui a fait une tentative de suicide. Mais la faute ne peut pas reposer que sur l'ENS/les profs/la prépa.
Lycée Masséna PCSI 833 PSI 935 3/2 5/2 (2012-2015)
ENSIMAG (2015-2018) Master en mathématiques appliquées MSIAM (2016-2018)
Doctorat en mathématiques appliquées (tomographie médicale) (2018-20XX)