blixow a écrit :Retard a écrit : Mais quitte à choisir, je préfère sans doute des gens qui ont passé 5 ans à apprendre le droit que 5 ans à manier la géométrie différentielle.
Pourquoi ?
Parce qu'à mon sens, les notions mathématiques en pratiques nécessaires pour "gouverner" sont en gros limitées à ce qui permet de comprendre un bilan comptable, les pourcentages et la proportionnalité, les graphiques, etc. Le reste, même des notions aussi simples que les dérivées, intégrales, et nombres complexes, de toute façon, 20 ans après lorsque les gens seront réellement en situation de pouvoir, ils ne s'en souviendront plus.
Le droit en revanche, c'est l'outil de base du pouvoir public. Que ce soit la loi, les arrêtés, les décrets, les circulaires, les gens qui arriveront au pouvoir dans les ministères ou au parlement devront être capable de le lire, l'écrire, et le comprendre pour être pertinents. Le droit, c'est aussi une matière assez différente des maths telles qu'enseignées en prépa et en école : la règle de base dans les maths en CPGE, c'est le tiers exclu qui n'admet pas d'autre alternative que d'avoir raison ou d'avoir tort (et pas la peine de parler d'incomplétude ou de logique non-classique pour me contredire...). Le droit en revanche, est en soi une matière dans laquelle le doute est permis, dans laquelle où l'on ne peut pas vraiment garantir qu'on aura raison, voire même dans laquelle un même raisonnement peut être correct un jour mais se retrouver invalider le lendemain. En cela, je trouve que le droit a le mérite de formater les gens différemment. Typiquement, je vois pas mal d'ingénieurs décontenancés lorsque l'on explique que leur raisonnement est tout à fait correct mais qu'on va partir sur une autre solution basée sur un raisonnement différent mais qui semble correct aussi (on va me dire que c'est un gros cliché sur les ingénieurs mais pourtant c'est ce que je constate au quotidien). La complexité "des choses de la vie", pour moi, c'est exactement ça : accepter qu'il n'y a pas un résultat correct pour résoudre un problème ouvert et une seule manière de décider de ce qui est satisfaisant ou ne l'est pas. Et ça, c'est exactement ce qu'on n'apprend
pas en étant excellent en maths en CPGE.
J'ai parlé des pouvoirs publics, mais ce n'est pas si faux que ça non plus pour le cas des grandes entreprises : l'outil de base d'une entreprise pour gagner de l'argent, c'est le contrat.
Maintenant, une dernière chose : tout ça n'a rien à voir avec l'excellence académique et avec la capacité à raisonner. Dire que je préfère voir des juristes de formation plutôt que des mathématiciens de formation au pouvoir n'empêche pas de souhaiter que ces gens soient tout à fait brillants dans leur capacité à comprendre et à analyser ce qu'on leur dit. Et contrairement à ce que semblent croire certaines personnes formatées par le système CPGE, résoudre rapidement un problème de maths n'est pas la seule manière de détecter des gens malins. Et d'ailleurs les très bons juristes que je connais auraient tout à fait été capables de faire des maths s'ils avaient été attirés par cette voie.