AlbanXIII a écrit :Je précise : je ne dit rien sur les enseignants, c'est le programme qui est foireux.
Pour me faire bien voir de tous, j'ai une légère tendance (provocatrice) à dire que c'est le contraire : c'est de la faute aux enseignants, pas au programme. En revanche, ce n'est pas de leur faute si c'est leur faute.
Je m'explique.
Les nouveaux programmes abordent les choses de manière radicalement différentes, c'est une vraie révolution pédagogique ! Tellement grande que les profs que nous sommes (et les élèves que nous avons été) ont énormément de mal à comprendre le changement. Un exemple au hasard : les études documentaires. Cette manière d'apprendre est extrêmement décriée alors que c'est certainement celle qui est la plus utilisée dans la vie professionnelle ! Quand vous cherchez des textes de références, des articles, des travaux analogues, que cela soit en tant qu chercheur, ingénieur ou prof vous avez, le plus souvent, uniquement accès à des écrits et pas toujours des écrits "pédagogiques". Après, vous pouvez me rétorquer à juste titre que "ce n'est pas parce qu'on fait comme ça plus tard, qu'on doit faire comme ça maintenant." Je suis d'accord. Il n'en demeure pas moins qu'à un âge (vers 16-18 ans) où on cherche à développer l'autonomie de réflexion, il ne paraît pas aberrant de mettre les élèves / étudiants devant des situations moins formelles.
J'arrête sur cet exemple mais je me permet d'insister sur le fait que les profs ont souvent été de (très) bons élèves. Cela signifie non seulement qu'ils ont du mal à "comprendre" les moins bons élèves mais qu'en plus ils ont en souvenir un système éducatif qui "marchait" (la preuve, ils ont vien réussi, eux). Changer leurs habitudes, sans faire de psychologie à l'excès, c'est les mettre en porte à faux avec leurs pratiques actuelles, les lancer dans l'inconnue d'une nouvelle pédagogie. C'est plus que difficile. Voilà pourquoi les réticences sont si fortes. Voilà pourquoi la réforme passe mal. Voilà pourquoi le résultat (que je constate en sup) est "mitigé".
Il y a de nombreuses manières différentes d'améliorer la situation. La première, la plus importante, est de montrer aux profs, à tous les profs, qu'un changement non seulement est possible, mais est profitable pour tous.
Je me doute bien que l'immense majorité des enseignants fait de son mieux...
Ca, c'est vrai.
Cet exemple montre que ce n'est pas le programme qui est un problème, mais son traitement. "On" interprète tous plus ou moins les programmes comme une "simplification" de la science, de la "vulgarisation" et en poussant trop loin le bouchon, on en arrive à des aberrations telles que celles dénoncées dans l'article. Sauf que le programme ne demande pas cela ! Bien au contraire...
Je tiens à noter que les élèves de sup qui arriveront à bien maîtriser le programme du 1er semestre seront notablement plus forts que la plupart de mes étudiants (PC*) sur pas mal d'exercices en terme d'analyse physique de la situation.