Muriel Darmon : Classes préparatoires. La fabrique d'une jeunesse dominante

[Malev]

Je propose d'ouvrir un nouveau sujet à propos du livre de Muriel Darmon sur lequel des échanges ont porté dans un fil de discussion concernant les difficultés d'une élève.
Muriel Darmon est une sociologue travaillant au CNRS et qui a publié un livre sur les classes prépas, en 2013 (nouvelle édition en 2015), qui s'intitule
Classes préparatoires. La fabrique d'une jeunesse dominante
Il est publié par la maison d'édition La Découverte (héritière des éditions Maspero, des années 68) et se présente comme le fruit d'un travail de terrain ayant duré deux années.
Première étonnement: l'absence de bibliographie dans une telle publication.
Second étonnement: sa facture qui fait penser à une (très bonne) thèse alors que ce n'est pas le cas (elle a soutenu sa thèse Approche sociologique de l'anorexie : un travail de soi, en 2001). En parcourant l'ouvrage, cela s'explique : il est tiré de son HDR : “Classes préparatoires. Sociologie d’une jeunesse au travail”, HDR, Université Lyon 2, 2011.

Maintenant, il s'agit de le lire !

[father]

A défaut de le lire, une vingtaine de pages sur le processus de recrutement des prépas :
https://www.cairn.info/revue-societes-c ... page-5.htm

Le début est très verbeux.
Le dernier quart plus interessant.
Mais il n apprendra pas grand chose aux connaisseurs.
C est à 80% de la description, parfois drôle, des commissions de sélection.

C est quoi la théorie sous-jacente ?
Les profs de cpge, valets d un capitalisme assumé

Comme je doute qu il y ait bcp de lecteurs, posons nous mêmes les problématiques pour ouvrir les débats.

[Malev]

Ma première impression générale est similaire. L'appareil conceptuel alourdit la lecture sans apporter grand chose. Sans être spécialiste, je reste dubatif quant à l'intérêt de mobiliser en alternance Bourdieu, Foucault, Goffman (mais la HDR est aussi un exercice de style...).
En revanche, les observations et les extraits des 94 entretiens sont intéressants pour découvrir, la vie de préparationnaire si on n'y est pas passé, des points de vue d'enseignants si on n'en est pas soi-même un. En tant que parent, j'ai apprécié de lire la façon dont les enseignants communiquent entre eux, suivent de façon précise les élèves, adaptant au plus près la charge de travail et leurs évaluations de façon à soutenir une progression maximale, qui reste supportable.
Je vais attaquer le chapitre 3 ("Apprendre le temps") dont j'espère beaucoup.

[laxmi]

bonjour Malev,

je vous ai envoyé un message privé.

vous pouvez aller le lire, et si vous voulez me répondre, n'hésitez pas.

laxmi

[Malev]

Mon avis global sur le livre après avoir terminé : le matériau (extraits des entretiens) est intéressant pour qui n'a pas connu les prépas, et cela peut aider à rassurer les élèves car on entrevoit à la fois ce que vivent des préparationnaires et ce que visent les enseignants. Les analyses ou commentaires sociologiques peuvent être survolés (ils ne s'adressent ni à un élève ni à un parent mais à un" pair sociologue").
À toutes fins utiles, voici les quelques thèses dont j'ai trouvé trace qui portent sur les prépas:

ADANGNIKOU, Noël. Une évaluation de l’efficacité de l’enseignement supérieur français : le cas des classes préparatoires scientifiques [en ligne]. Thèse de doctorat. [S. l.] : Université de Bourgogne, 15 décembre 2007. [Consulté le 16 octobre 2022]. Disponible à l’adresse : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00250430

DESIT-RICARD, Isabelle. Relations entre performances académiques, motivation, sentiment d’efficacité personnelle et buts d’accomplissement : une étude menée auprès d’étudiants de classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques [en ligne]. Thèse de doctorat. [S. l.] : Aix-Marseille, 18 septembre 2015. [Consulté le 17 octobre 2022]. Disponible à l’adresse : https://www.theses.fr/2015AIXM3041

FONTANINI, Christine. Les filles face aux classes de mathématiques supérieures et spéciales : analyse des déterminants des choix d’une filière considérée comme atypique à leur sexe [en ligne]. Thèse de doctorat. [S. l.] : Dijon, 1 janvier 1999. [Consulté le 16 octobre 2022]. Disponible à l’adresse : https://www.theses.fr/1999DIJOL006

MASY, James. De la construction sociale du rapport au temps : le cas des boursiers de CPGE [en ligne]. Thèse de doctorat. Nantes : Université de Nantes (UNAM), 14 juin 2014. [Consulté le 16 octobre 2022]. Disponible à l’adresse : https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-01686481[/list]

[father]

Merci pour la biblio.
Le 4eme sur la temporalité justement me semble prometteur..

[Nico832a]

Merci pour ces info.

La thèse de Christine FONTANINI date de 1999 mais est toujours d'actualité. Dans la classe de mon fils en PTSI, il n'y a que 4 filles !!!

[grenadine]

La PTSI, c'est particulier. Il n'y a d'ailleurs pas plus de filles en SI au lycée.

[Nico832a]

La PTSI, c'est particulier. Il n'y a d'ailleurs pas plus de filles en SI au lycée.

Oui c’est vrai.
Avec le nouveau bac, la SI est en perte de vitesse, souvent abandonnée en terminale.
En terminale, mon fils n’avait plus de filles en SI avec lui.

[Ajax59]

Les PT sont souvent dans des lycées techniques.
Je pense que c'est encore pire dans les écoles d'ingé informatiques.
Bizarrement il semble y avoir une plus grande proportion dans certaines écoles post-bac pourtant typées méca.
De mon (très ancien) temps il y avait aussi plus de filles en terminale A (littéraire), B (éco) et D ("toutes matières") qu'en C (maths) (mais il y en avait quand même et souvent parmi les meilleures) et bien évidemment qu'en E (techno, dans les lycées techniques); quant aux bacs et BTS techniques et industriels il pouvait y avoir des classes entièrement masculines .
Ce serait intéressant de savoir ce qu'il en est dans d'autres pays européens.
Si ce n'est pas le cas il faudrait s'interroger sur ce (mauvais) fatalisme national.