Ma fille vient de passer les écrits de la banque PT et elle constate qu’il n’y a plus qu’un tiers des élèves en cours : ils sont très nombreux à être déjà admis sur dossier/entretien/tests souvent dans des écoles privées, mais aussi comme elle, et de plus en plus en formation d'ingénieur par apprentissage.
Je ne sais pas à quel point c’est normal de perdre les 2/3 d’une classe après les écrits (votre avis ?), mais cela pointe une évolution intéressante : la montée en puissance de l’apprentissage et les questions qu’elle pose.
Sur ce forum on parle énormément de concours et peu de l’apprentissage/alternance (par exemple viewtopic.php?t=77555), mais du coté des écoles il semble que c’est là que se réalise l'augmentation des débouchés de la prépa. Je n'ai pas les chiffres, vous en trouverez sans doute, mais sur le sujet, voir par exemple les diapos CTI https://www.cti-commission.fr/wp-conten ... 4-2023.pdf.
Alors les modalités sont très variées, mais ici je vous propose de discuter de l’admission en apprentissage comme débouché des prépas alternatif aux concours (donc de la FISA par opposition à la FISE voire la FISEA).
À la base le FISA a une réputation moindre que la filière classique FISE, mais elle propose de solides arguments
voici ceux qui me viennent en tête, mais ajoutez les vôtres :
* salaire (7000€/an et plus non imposable), prise en charge des frais d’inscription (qui atteignent maintenant souvent les milliers d’euros). Des trimestres de cotisation pour la retraite
* insertion professionnelle : il semble que les RH considèrent une année en FISA comme 1/2 année d’expérience sur le CV et l'insertion est meilleure que les FISE
* admission sur dossier/entretien donc alternative moins longue et stressante aux concours (qui durent jusqu’en juillet et à Toulouse cette année et des résultats qui arrivent fin juillet/en aout).
* et bien sûr la formation elle-même avec la pédagogie spécifique à l’alternance (les “les itérations structurantes” de la diapo 10 CTI) qui peut donner plus de sens à des études déjà longues et abstraites
* ….
Il y a aussi des limites, voici celles qui me viennent :
* diplôme souvent moins “coté” que le diplôme d’ingénieur de l’école = diplôme de spécialité
* logistique compliquée (deux logements, déplacements)
* choix de spécialisation irréversible et anticipé
* l’admission en école ne suffit pas, il faut aussi se faire recruter par une entreprise. Et il y a des échecs à ce niveau donc on peut se retrouver sans rien en septembre
* le statut salarié a aussi ses inconvénients : cinq semaines de congés au lieu des vacances universitaire, émargement obligatoire en cours
* ….
En tout cas tout cela apporte des points de discussions intéressants, d’autant que ce phénomène de désertion anticipée semble aussi toucher la classe étoilée de l’établissement (ceux qui sont quasiment certains d'avoir de très bonnes écoles) :
* quelle est l’ampleur réelle du phénomène ? On a des stats pour les concours, mais l’apprentissage y échappe, et échappe peut-être aussi au suivi des profs. Peut-on le mesurer avec des indicateurs, par exemple un taux croissant d’abandon = des admissibles qui ne viennent pas aux oraux
* que valent les stats de classement des prépas pour lesquelles la FISA est un point aveugle alors que son importance est croissante
* l’importance de la FISA varie-t-elle selon les filières : je constate la désertion des cours en PT, mais qu’en est-il en MP, PC, PSI, BCPST, TSI, MPI …(voire prépas commerciales et littéraires ?)
* comment l’enseignement en prépa doit-il s’adapter à ce débouché “hors concours” ? Par exemple, les cours de préparation aux entretiens arrivent en ce moment (après les entretiens des écoles, mais avant ceux des entreprises). Les calendriers de la FISA et du concours sont largement antagoniques (la préparation des dossiers et les entretiens arrivent juste avant la banque PT et beaucoup de résultats d’admissibilité arrivent juste avant le concours, ce qui n’est pas très motivant pour celui-ci)
Voilà, merci de vos avis/retours !
PS :
https://www.enseignementsup-recherche.g ... -28154.pdfEn 2022-23, 30 900 étudiants sont en formation initiale par voie d’apprentissage. Ils représentent 19,2 % des inscrits, soit 1,0 point de plus qu’en 2021-22 et 4,6 points de plus qu’il y a cinq ans. L’enseignement en apprentissage concerne davantage d’étudiants dans les écoles privées (un sur quatre), 17 % dans les écoles publiques du MESR et 13,4 % dans celles sous tutelle d’autres ministères.
En cinq ans, la part des apprentis augmente dans tous les types d’écoles, mais un peu plus dans les écoles privées (+ 6,0 points) et autant dans les écoles publiques sous tutelle du MESR que dans celles sous-tutelle des autres ministères (+ 3,5 points environ).