Bon, si on revenait sur le sujet... Pour une fois je m'implique.
ATTENTION, CE QUI SUIT EST MON AVIS PERSONNEL, IL NE REPRESENTE PAS L'OPINION DE L'UPS.
Or donc, quel est le problème ? Il est multiple "comme toujours" et c'est parce que tout le monde ne réagit pas forcément sur le même point, parce que tout le monde ne met pas en avant les mêmes arguments qu'une personne extérieure (mal intentionnée ?) peut nous discréditer en arguant de notre division.
Or, en vrac, cette réforme :
* se justifie par des arguments faux (cf. salaire de 100 k€ comme
référence)
* stigmatise les
profs de prépa
* est injuste dans le principe (baisser un salaire en augmentant le temps de travail)
* ne va pas permettre de sensiblement augmenter le salaire des autres profs
* touche tout le monde, y compris les profs de lycée collège (bien joué le feu de diversion sur les prépas, mais tout le monde va "payer", les profs de prépas plus que les autres, OK)
J'oublie certainement d'autres arguments mais ce sont ceux là qui, personnellement, me touchent le plus.
Petit aparté sur le salaire de 100 k€ annuel. Est-ce possible ? comptons. Un prof de chaire sup au tout dernier échelon a un indice IMN de 963 (l'indice IMN est proportionnel à la paie de base pour TOUS les fonctionnaires). Cela donne, à Paris, une paie nette mensuelle de 3825 € (non adhérent MGEN, chiffres 2011). Sachant qu'au maximum un fonctionnaire peut doubler son salaire, cela fait 7650€ net pas mois soit 91,8 k€ annuel... Si quelqu'un gagne 100 k€, c'est que l'administration est complice et elle n'a pas besoin de réforme pour "prendre" des sous à ce fonctionnaire, il suffit qu'elle ne l'autorise plus à gagner au delà du double du salaire. Notez qu'un prof n'a pas de prime (contrairement à d'autres personnels de l'éducation comme les chefs d'établissement, les inspecteurs...)
Regardons plutôt quel impact peut avoir cette réforme. Economiser des sous. Moui, un peu, c'est vrai. Toutefois, comme l'ont fait remarquer pas mal de collègues, il y a bien plus de sous à gagner ailleurs, notamment dans le fonctionnement ! Vous savez que, dans l'éducation (comme ailleurs dans la fonction publique) on est parfois
obligé de dépenser des sous ? Donc l'argument "économie" est un peu faible. Les chiffres ne sont pas clairs, mais il semble que 20% des élèves soient en ZEP (
source). Comptons que 20% des profs y soient (en réalité c'est plus car les classes sont censées être moins chargées), cela fait, dans le secondaire : 20% de 432000 profs (
source) 86 000 profs. Soit 10 fois plus que des profs de prépa. L'économie visée est de 23,7 M€ (soit env 2k€ par prof de prépa) engendrerait donc un gain
annuel de 200 € par an par prof de ZEP. Moins de 20€ par mois. Vous y croyez à l'augmentation de la motivation ? A la juste rémunération de la difficulté de leur travail ? Et encore, comme les profs de ZEP assureraient moins d'heures (ce qui est une bonne chose), ils seraient d'autant plus nombreux, diminuant encore le gain par prof...
Bref, comme vous pouvez le voir, la "redistribution" des richesses ne semble pas réelle et notre diminution de salaire ne peut, ni à elle seule ni même de manière majoritaire, financer l'indispensable réforme des salaires des profs de ZEP. Conclusion ? On veut nous baisser le salaire pour d'autres raisons. Je ne polémiquerais pas, ici, en essayant de deviner lesquelles.
En mon nom personnel (je rappelle que, dans ce post, je ne représente PAS la voix dominante de l'UPS), je peux éventuellement envisager une certaine baisse de salaire moyennant contreparties (par exemple un statut de prof de supérieur, une prise en compte de l'ensemble du salaire pour la retraite...) mais pas dans ces proportions. On ne peut pas demander à quelqu'un de travailler plus tout en lui faisant gagner moins. Je vous rappelle que prof est la SEULE profession qui, depuis 1950 n'a jamais vu son temps de travail baisser. En 1950 tous les autres salariés (y compris fonctionnaires de l'administration) étaient aux 40h (42h ?). Depuis on est aux 35 heures soit une baisse de 10% du temps de travail, mais pas pour les profs. Nous sommes cadre ? Nous ne devons pas compter notre temps de travail ? Pourtant on nous le compte, il faudrait savoir. Et même si on était cadre, les cadres ont obtenu des RTT, pas nous. Et je ne parle pas de la non revalorisation des salaires (le "point d'indice"). Bref, je suis personnellement ouvert à la négociation (même si ce n'est jamais moi personnellement qui irait négocier) mais dans certaines limites.