Message
par Ygey_ib » 28 mai 2017 17:02
Bonjour,
Je me permets d'intervenir ici, non pas pour rétablir de soi-disant vérités, mais plutôt pour donner un autre son de cloche. Je n'ai pas lu toutes les pages mais j'ai l'impression que le portait peint de l'ingénieur jeune diplômé est volontairement pessimiste ou au moins très caricatural. Je note toutefois que les messages qui me précèdent donnent un autre son de cloche, bien plus optimiste, heureusement.
A l'image de ces derniers messages, je vais parler de mon cas particulier, qui n'a rien d'extraordinaire et donnera peut-être certaines idées aux étudiants chez qui le premier salaire est important. Tout d'abord, et cela est un peu contradictoire avec ma phrase précédente, si le salaire est ce que vous cherchez, visez d'abord un poste prestigieux plutôt qu'un haut salaire. Il sera alors ensuite plus facile, au bout d'un ou deux ans, de rebondir très haut. En résumé, si vous avez une passion et que d'un côté l'entreprise mondiale leader du secteur vous propose 32k, de l'autre une petite PME inconnue vous propose 40k, allez dans la première. La contrepartie étant que le premier poste risque d'être moins intéressant que le second.
Revenons-en à mon cas. Pour commencer, je n'ai aucun double diplôme avec une université étrangère, HEC ou que sais-je, aucun MBA [et je ne compte pas en faire] et n'ai jamais bénéficié du moindre piston. Suite à une prépa MPSI-MP puis MP*, j'ai intégré une école A+, comme je crois l'auteur du message initial de ce fil, si j'en crois ma lecture en diagonale des différentes pages. Pour info, j'ai failli redoublé plusieurs fois tellement j'y ai rien foutu, séché et rien appris. Avec le recul, je pense sans mentir que le delta en termes de connaissances et savoir faire entre ma sortie de prépa et celle d'école est quasiment négligeable, mais c'est un autre débat. Je m'y suis tout de même spécialisé avec une dominante mathématiques appliquées et informatique. J'en suis sorti diplômé en 2012. A la suite de cela, alors que je comptais m'engager sur une thèse [je me demande avec le recul comment et pourquoi], j'ai également passé avec un amis des études de cas pour rentrer dans un cabinet de conseil en stratégie, à Paris, plus pour l'accompagner qu'autre chose et aussi un peu parce que je n'étais motivé par rien et que ça n'avait pas l'air moins intéressant qu'autre chose. Je me rappelle encore avoir passé 30 bonnes minutes devant une vidéo youtube avant de faire un nœud de cravate potable pour mon premier entretien. A ma grande surprise, une fois les entretiens passés, j'ai reçu une proposition que j'ai immédiatement acceptée, quittant pour la même occasion, tout lien avec la recherche et même plus largement avec les sciences. J'ai effectué pendant environ un an et demi ce travail et je ne m'y suis pas épanouis. En résumé, très gros horaires et conditions de travail inadaptées avec mon style de vie. J'ai donc démissionné et postulé dans une banque pour un poste que j'occupe encore actuellement. A l'époque, j'avais toutefois moins de responsabilités. Je travaille aujourd'hui au sein de ce qui est appelé l'Inspection Générale où on y fait à la fois de l'audit et du conseil interne pour la direction générale [c'est très résumé et simplifié]. Cinq ans après mon diplôme, voilà ce que j'ai :
* Salaire fixe: 82k
* Primes toutes confondues: 35k
* Pourcentage de déplacements à l'étranger: entre 50 et 75% selon les périodes [c'est mon choix, à mon niveau, j'aurais le droit de vouloir rester plus à Paris mais j'adore voyager]
* Congés: 9 semaines par an
* Horaires: en moyenne 9h 19h
* CE: très compétitif
* Avantages indirects en nature: je ne paye quasiment jamais mes vols d'avion et réservations d'hôtels pour mes voyages en perso grâce à la capitalisation sur les programmes de fidélité acquis lors des missions
* Avantage supplémentaire: pendant les 50 à 75% du temps où je ne suis pas à Paris, en plus d'être nourris logé blanchi dans des palaces ou assimilés, je loue mon appartement sur un célèbre site de location en ligne, ce qui engendre un autre complément de revenu
Je vais bientôt quitter l'Inspection [c'est contractuel, on y reste au plus une certaine durée selon l'expérience antérieure] et postule en interne sur plusieurs postes d'expatriés dans des grandes capitales mondiales, avec des salaires inenvisageables en France.
Dans mon département, si je me restreins aux ingénieurs ou assimilés, c'est loin d'être réservé aux X [ce qu'on entend souvent]: X, Centrale, Ensimag, ENSAE, Mines, Telecom, Dauphine, Ponts et pour en faire rager plus d'un, on a même un de nos directeurs qui a fait une e3a.
En relisant mon message, si je l'avais lu à l'époque, je me serais dit que ce gars vient ici pour se la péter. Croyez-moi ce n'est pas le cas. Je pense avoir eu beaucoup de chance et une raison pour laquelle je poste est que je pense que ce type de poste est vraiment méconnu dans l'univers des grandes écoles. Non, il n'y a pas qu'en allant faire du trading ou de la fusac qu'on peut gagner de l'argent. Non, il n'y a pas besoin de faire un métier en y travaillant 18h par jour qu'on peut gagner beaucoup d'argent. Oui, on peut faire un métier en France, accessible aux ingénieurs, qui gagne très bien, tout en ayant une vie personnelle riche et beaucoup de loisirs.