Ce qu'il ne faut pas attendre d'une école d'ingénieurs - Ce qu'il faut au contraire savoir

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Re: Ce qu'il ne faut pas attendre d'une école d'ingénieurs - Ce qu'il faut au contraire savoir

Message par merov » 08 sept. 2017 09:42

Pour avoir bossé quelques années dans le milieu de la grande distrib, la façon la plus simple d'atteindre les postes de Direction est d'avoir été Directeur de magasin. Et la façon la plus simple de devenir Directeur de magasin est d'avoir été chef de rayon ...

C'est très formateur et permet d'acquérir une légitimité vis-à-vis des équipes. En général, même les profils type Directeurs financiers des grands Groupes de distrib passent par cette étape, en début de carrière ou lors de leur recrutement plus tard.

Le phénomène n'est pas nouveau. Le tout premier entretien de recrutement que j'ai fait en tant que jeune diplômé, il y a très longtemps et donc à une époque que certains sur ce forum assimilent à "l'âge d'or des ingénieurs", était pour un poste de chef de rayon viande. Il incluait 3 mois de formation interne à l'école de boucherie :-)

Je n'ai pas donné suite et choisi une autre (SSII :-) ) ce qui ne m'a pas empêché d'atteindre des postes de Direction dans la suite de ma carrière.

Bref, tout ça pour dire qu'il n'y a pas de honte à commencer par ce type de poste ni d'accepter d'être en concurrence avec des gens du terrain pour les promotions. Normalement, un jeune diplômé de grande école à les moyens intellectuels et les connaissances pour progresser plus rapidement. Bien sûr, il faut se remuer un peu :?

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Message par Nicolas G » 23 sept. 2017 14:49

Je vais évoquer un cas rare qui n'a pas été évoqué mais qui peut-être intéressant. Elève A, élève B et élève C sont des passionnés d'informatique (fonctionne aussi avec d'autres sciences) depuis le collège. Ce ne sont pas de gros travailleurs mais ils arrivent quand même à intégrer une école dans la spécialité qui leur plaît. A, B et C, se retrouvent souvent pour des projets communs, ou pour passer du temps ensemble, loin de la vie de l'école. Ils fondent quand même une association (d'informatique) dont 80% des élèves ignorent l'existence. Comme Jean-Jacques, A, B et C ne vont pas tout le temps en cours, et travaillent le partiel la veille ou pendant le partiel (quand le partiel est avec cours). En fait, A, B et C n'apprennent pas grâce aux cours mais en échangeant leurs connaissances respectives et en se lançant des projets/défis.
La différence avec JJ, c'est qu'ils vont bosser à fond les 3 ou 4 projets qu'ils vont trouver intéressants. Et ces projets seront tellement réussi que des profs vont s'y intéresser, ce qui va permettre à C de partir étudier à Kyoto et de travailler sur un projet de recherche d'informatique théorique/théorie des langages trèèèès pointu. Il va donc rentabiliser son temps à apprendre le japonais dans 80% des cours où il était présent. B va facilement obtenir l'appui des professeurs (et même du nouveau directeur) pour effectuer un PFE au NII de Tokyo (B avait tout de même reçu une offre d'emploi suite à son TIPE en déposant son code sur un dépôt git connu). Quant à C, peut-être le plus talentueux (mais pas un des plus bosseurs), il a été mandaté par un ex professeur de l'école pour venir aux Etats-Unis travailler avec lui sur un projet très ambitieux de bio-info/imagerie médicale en lui demandant de poursuivre en thèse.

Bref, A, B et C n'ont pas de réseau très développé, n'ont pas passé leur temps en soirée (ils y allaient de temps en temps, plus que d'autres tout de même) ou en cours (idem), ils ont juste fait ce qui leur plaît.
Moralité : soyez passionnés, travaillez intelligemment, quand vous travaillez et vous vous en sortirez mieux que 95% des JJ de l'école.

Je souligne que je ne fais pas partie de A, B et C, et que mon avenir est bien plus flou mais passer du temps avec eux et très agréable et instructif.
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Message par Jay Olsen » 23 sept. 2017 15:09

C'est effectivement un cas très rare.
Déjà c'est limité à l'informatique : comment se faire remarquer quand ton domaine c'est l'ingénierie pétrolière ?
Tu vas pas découvrir un champ à toi tout seul, ou inventer une nouvelle technique d'extraction et démontrer son efficacité..
Mais aussi par définition parce que être le meilleur techniquement c'est quelque chose qui est limité à une personne.

Bref, je te contredis un peu parce que tu alimentes l'idée reçue courante en prépa comme quoi c'est la compétence qui fait la reconnaissance (sociale en prépa, puis professionnelle, on imagine)
Or c'est en grande partie faux.

Des polards dans mon école il y en avait, des très bons il y en avait beaucoup, mais des gens qui avaient réellement fait une impression du type "on pensait que c'était un gros asocial mais c'est un bg en fait").. il n'y en a eu qu'un seul (à mon sens)
Et on l'a tous connu... lors d'une présentation orale avec toute la promo au cours de laquelle il démontrait une grande aisance.

Pour finir, dans la plupart des entreprises, les gens monstrueux techniquement se trouvent cantonnés à des postes d'expert (à terme) et ils sont le plus souvent moins bien payés que leurs homologues managers du même "grade".



Sinon, j'ai ajouté ce truc en intro :
https://www.cairn.info/revue-societes-c ... m#re30no30
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Message par padpad » 23 sept. 2017 15:27

y'aurait pas comme une confusion entre compétence et polar ?
Celui qui entre dans le moule de la pensée unique ne doit pas s'étonner d'en sortir avec la pensée unique d'une moule.
Ou si vous préférez, plus on essaie de rentrer dans le moule plus on ressemble à une tarte.

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Re: Ce qu'il ne faut pas attendre d'une école d'ingénieurs - Ce qu'il faut au contraire savoir

Message par Jay Olsen » 23 sept. 2017 15:48

padpad a écrit :
23 sept. 2017 15:27
y'aurait pas comme une confusion entre compétence et polar ?
Sauf pour les génies, les compétences académiques* et la polardise sont bien corrélées.

*ce mot manquait
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Message par Nicolas G » 23 sept. 2017 16:03

Justement c'était pas des polards pour moi, c'est ce que je voulais montrer. B était très sportif, jouait dans un orchestre et A sortait pas mal, mais pas forcément avec des gens de l'école. Et ils s'y prenaient au dernier moment pour tout ce qui était scolaire. Le polard va bosser sérieusement chaque matière, même celles appelaient pipo par les autres élèves.
Oui, comme je l'ai dit, c'est très rare. Je pense que c'est possible dans pas mal de domaines (maths, biologie...) tant que c'est pas trop spécialisé. Mais c'était leur domaine. A était mauvais en maths. Après leur but c'est pas de finir pdg avec des salaires annuels à 5 voire 6 chiffres. Là c'est sûr il faut pas faire ça.
Le cas beaucoup plus classique c'est l'élève assez doué et passionné (en tout cas pas blasé), assez glandeur, mais qui trouve un stage avec du potentiel et se donne à fond dans son stage, chose qu'il n'a plus fait depuis la prépa. Ca peut déboucher sur des CDI assez intéressants (niveau job, niveau salaire c'est toujours le même problème). Les exemples que j'ai en tête sont pas de mon école, mais c'est bien plus courant.
Le type blasé qui ne s'intéresse à rien et qui ne consacre son énergie à rien d'autre qu'à faire la fête, même en stage, à moins d'une rencontre miraculeuse je le vois pas chopper un job "de rêve" comme ça.
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Message par Jay Olsen » 23 sept. 2017 16:20

Encore une fois, la probabilité de se faire recruter suite à un stage dépend beaucoup plus de l'entreprise (a-t-elle un besoin, a-t-elle ouvert un budget spécifique pour recruter?) que des compétences du stagiaire.

Même si le travail réalisé en stage est excellent, génial, le stagiaire est devenu une star de l'open space, tout ce que tu veux, si l'entreprise n'a pas prévu de recruter... le mieux que pourra faire le tuteur sera de demander à la société sous traitante de l'open space d'aimablement recruter le dit stagiaire. C'est le cas d'un de mes collègues actuels à qui j'ai fait mes adieux récemment.

Evidemment quand on parle de faire la fête, ne plus aller aux cours, ne rien valider, redoubler, .. il ne s'agit pas d'un but en soi.
Je te laisse relire ce passage :
Pour autant, et à la différence d’autres camarades dont il sera question plus loin, avec lesquels ils partagent des vues similaires, [les héritiers] ne commettent que rarement l’erreur consistant à délaisser totalement leurs activités scolaires et optent le plus souvent pour ce que nous avons appelé « la stratégie du C ».
Ce travail d’accumulation initial, [les dévots] ne vont que rarement le tenter par le biais d’un surengagement dans les activités scolaires. Au contraire, c’est au sein de cette sous-population que l’on trouve les éléments les plus désinvestis sur ce plan et que se recrute principalement le petit contingent d’élèves qui doivent en fin d’année répondre de leur insouciance devant la commission de discipline. Ces ennuis, que les « héritiers » savent généralement éviter, sont souvent la conséquence d’un investissement trop exclusif dans la vie du campus[...]
De nouveau sur les héritiers :
Originaires pour la plupart des milieux de la bourgeoisie d’affaire parisienne, ils vont pouvoir se permettre de n’accorder qu’une attention superficielle à des enseignements censés les introduire à un monde qui leur est déjà très largement familier. Surtout, cette familiarité leur offre la possibilité d’investir en force les associations les plus importantes du campus, que l’on ne peut conquérir et faire vivre aujourd’hui sans maîtriser l’art de la recherche de sponsors. On sait en particulier qu’un succès à l’élection du Bureau des élèves dépend étroitement du budget que l’on a pu investir dans les épreuves obligées de la « campagne » (fêtes, animations en tout genre, cadeaux). Dans ce genre de compétitions, nos futures « stars », qui baignent depuis toujours dans l’univers du « grand business », ont toutes les chances de savoir d’emblée à quelles portes frapper et de quelle manière s’y prendre pour obtenir l’aide nécessaire.
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L’intérêt des positions de force que ces « compétences » vont leur permettre d’occuper au sein de l’École est alors de leur fournir des occasions toujours plus nombreuses d’augmenter encore ce capital social hérité et de le faire fructifier. Ce travail d’accumulation se révélera particulièrement profitable bien sûr lorsqu’il s’agira par la suite de décrocher les meilleurs stages en entreprise, puis d’entrer pour de bon et en bonne position sur le marché du travail. C’est ainsi qu’en ayant l’air de s’amuser et de se moquer de tout, ces « héritiers » se préparent en fait très efficacement et très sérieusement à leurs futures fonctions dans le monde. Et alors qu’ils paraissent être parmi ceux qui pourraient le plus aisément se passer des services de l’École, ce sont eux qui en tirent le meilleur parti. On les retrouve d’ailleurs bien souvent, en troisième année, dans les Majeures les plus prestigieuses de l’École, en Finance ou en Entrepreneurs, notamment.
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Re: Ce qu'il ne faut pas attendre d'une école d'ingénieurs - Ce qu'il faut au contraire savoir

Message par Adolorante » 23 sept. 2017 17:33

Nicolas G a écrit :
23 sept. 2017 14:49
Bref, A, B et C n'ont pas de réseau très développé, n'ont pas passé leur temps en soirée (ils y allaient de temps en temps, plus que d'autres tout de même) ou en cours (idem), ils ont juste fait ce qui leur plaît.
Moralité : soyez passionnés, travaillez intelligemment, quand vous travaillez et vous vous en sortirez mieux que 95% des JJ de l'école.

Je souligne que je ne fais pas partie de A, B et C, et que mon avenir est bien plus flou mais passer du temps avec eux et très agréable et instructif.
C'est drôle, ça correspond plus ou moins à ce que j'ai pu faire non en école mais plutôt au travail en alternance. Quelques projets (de niche) sur lesquels j'ai pu beaucoup bosser et acquérir des connaissances rares, ce qui m'a permis d'acquérir la sympathie de mes supérieurs hiérarchiques (je suis le seul ex-alternant dont mon ancien N+2 se souvient...). Ça m'a permis de saisir des opportunités dans l'entreprise qui m'ont fait connaître de la top direction.
Je voulais ensuite travailler dans un domaine particulier, on était 45 à postuler à mon poste actuel (pour faire simple, un poste à la fois technique et généraliste, duquel on ressort avec de bonnes connaissances transverses et qui permettent de faire de multiples choses par la suite). Et mon actuel N+2 a reçu un avis consultatif d'une personne de la top direction de mon ancienne entreprise, cette personne étant internationalement reconnue dans mon domaine.
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Message par Jay Olsen » 23 sept. 2017 18:16

Adolorante a écrit :
23 sept. 2017 17:33
C'est drôle, ça correspond plus ou moins à ce que j'ai pu faire non en école mais plutôt au travail en alternance. Quelques projets (de niche) sur lesquels j'ai pu beaucoup bosser et acquérir des connaissances rares, ce qui m'a permis d'acquérir la sympathie de mes supérieurs hiérarchiques (je suis le seul ex-alternant dont mon ancien N+2 se souvient...). Ça m'a permis de saisir des opportunités dans l'entreprise qui m'ont fait connaître de la top direction.
Je voulais ensuite travailler dans un domaine particulier, on était 45 à postuler à mon poste actuel (pour faire simple, un poste à la fois technique et généraliste, duquel on ressort avec de bonnes connaissances transverses et qui permettent de faire de multiples choses par la suite). Et mon actuel N+2 a reçu un avis consultatif d'une personne de la top direction de mon ancienne entreprise, cette personne étant internationalement reconnue dans mon domaine.
Tu oublies de préciser que tu clashes ledit n+2, c'est pour ça qu'il t'apprécie autant :D
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Re: Ce qu'il ne faut pas attendre d'une école d'ingénieurs - Ce qu'il faut au contraire savoir

Message par LaMouette » 23 sept. 2017 18:54

Adolorante a écrit :
23 sept. 2017 17:33
un poste à la fois technique et généraliste, duquel on ressort avec de bonnes connaissances transverses et qui permettent de faire de multiples choses par la suite

Je suis super super fan de cette description de poste. Je vais la réutiliser partout je pense.
Faidherbe, Mines d'Alès, IIT Kanpur (Inde) - Aerospace

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