1ere année ISUP

[F50]

Bonjour à tous,

J'ai lu les posts précédents, c'est très intéressant.

Adolorante, tu as déjà été très sollicité donc merci pour ta disponibilité et tes conseils.

J'aimerais, si possible, poser une nouvelle question, quelles matières faut-il privilégier (j'entends sans négliger les autres) afin de se diriger vers l'actuariat financier, voire devenir analyste quantitatif?

Aurait-tu des livres ou des ressources web (cours, exercices corrigés...) à conseiller?

[Adolorante]

À l'ISUP très clairement les probas, les cours de finance (instruments financiers, ce genre de trucs) et bien entendu tout ce qui touche aux mathématiques financières.
En théorie il y a aussi le cours d'informatique mais il est plus facile d'être autodidacte si vous vous y mettez sérieusement.

Maintenant assez peu d'actuaires font vraiment du financier, il faut aimer ça...

En ce qui concerne les livres je ne sais pas car ça ne m'intéressait pas du tout, mais j'irais pour commencer chercher à avoir de vraies bonnes bases en proba. Et lire de la culture financière (genre pas Challenges, Les Échos ou autre truc qui paraît bien renseigné mais qui est juste libéral et mal foutu).

[F50]

Merci pour ta réponse,

À l'ISUP très clairement les probas, les cours de finance (instruments financiers, ce genre de trucs) et bien entendu tout ce qui touche aux mathématiques financières.
En théorie il y a aussi le cours d'informatique mais il est plus facile d'être autodidacte si vous vous y mettez sérieusement.

Quand tu dis "mathématiques financières", il s'agit de tout ce qui est "stochastique" ?
Je pensais justement à des livres de processus stochastiques, notamment ceux écrits par Lamberton, Gobet, Lapeyre etc...
Et peut-être visiter à l'occasion un livre d'analyse fonctionnelle...

Maintenant assez peu d'actuaires font vraiment du financier, il faut aimer ça...

En ce qui concerne les livres je ne sais pas car ça ne m'intéressait pas du tout, mais j'irais pour commencer chercher à avoir de vraies bonnes bases en proba. Et lire de la culture financière (genre pas Challenges, Les Échos ou autre truc qui paraît bien renseigné mais qui est juste libéral et mal foutu).

Tu as piqué ma curiosité quand tu a dit que les livres ne t'intéressent pas, je trouve cela assez paradoxal avec le fait d'avoir étudié et de travailler dans un domaine qui est dit "à dominante mathématique".
Peux-tu, rapidement, nous dire comment se fait-il que tu n'aies pas été intéressé par les livres de math?

Du coup que nous conseilles-tu comme journaux de culture financière? Le journal "Investir" par exemple?

[Adolorante]

Salut Adolorante, sur le forum tu me disais que ton principal travail dans l’Alm c’était la modélisation du passif... et bein justement concernant le passif j’ai l’impression que c’est le réellement le coeur du métier de l’actuariat donc du coup c’est une tâche évidente et spécifique d’un actuaire. Contrairement aux actifs dont j’ai l’impression que c’est particulièrement les financiers qui ont les compétences pour toucher à ça, à les modeliser, à determiner des allocations stratégiques, à définir une stratégie d’investissement , peux tu un peu m’eclairer la dessus ?

Est ce que la gestion des actifs fait aussi parti des compétences d’un actuaire ou au contraire celle d’un financier ?

(Réponse en public, rien de personnel et ça peut intéresser du monde)

Le coeur du métier est effectivement le passif. Je crois l'avoir dit plusieurs fois ici.
Pour ceux qui passeraient ici sans savoir ce que c'est, dans une compagnie d'assurance :
- Actifs : le plus gros, ce sont les placements financiers (obligations, actions, immobilier...)
- Passifs : le plus gros, ce sont les provisions (des dettes variables, qui correspondent à ce qu'on doit aux assurés).

Lorsque vous faites de l'actuariat financier vous ne faites pas de placements, vous ne faites pas de gestion, vous faites de la modélisation d'actifs. Sauf que dans une compagnie d'assurance, il faut :
- Respecter des limites imposées par le code des assurances
- Gérer les modules de risques des actifs financiers
- Certains passifs dépendent d'actifs (les contrats épargne notamment) donc cela requiert de comprendre ces contrats d'un point de vue connaissance, risque...
- Gérer les fonds cantonnés (des actifs que l'on met "en face" de certains passifs...)
- Etc...

Je ne me vois pas donner de cours d'ALM mais l'idée de base c'est que les actifs doivent découler du passif. Autrement dit il faut avoir une bonne compréhension du passif pour cela, et c'est pour cela qu'on privilégie des actuaires avec une appétence financière.

Il y a quelques financiers qui le font aussi mais c'est plus rare. En revanche, ce qui arrive c'est la double formation (ENSAE + Laure Elie par exemple) dont les cabinets de conseil de luxe type Milliman voire Deloitte sont friands pour fournir des aides ponctuelles (via des missions grassement payées, c'est pas gratuit faut pas décliner non plus) aux actuaires de l'actif.

[Adolorante]

Quand tu dis "mathématiques financières", il s'agit de tout ce qui est "stochastique" ?
Je pensais justement à des livres de processus stochastiques, notamment ceux écrits par Lamberton, Gobet, Lapeyre etc...
Et peut-être visiter à l'occasion un livre d'analyse fonctionnelle...

Oui, "stochastique" est aussi un mot pour ne pas dire "probabiliste".

Maintenant les processus stochastiques tels qu'on les entend (en gros les martingales et les chaînes de Markov) c'est davantage pour la culture qu'autre chose.

Ce qui est intéressant, ce sont les maths stochastiques, les générateurs de scénarios économiques ou les modèles de taux pour faire de l'actuariat financier. Pour aborder cela, il faut de bonnes bases en probas et en intégration.
Maintenant il y a peut-être des livres sympas qui peuvent te donner une introduction de manière moins mathématique. Les anglais sont friands de cela, ils abordent les choses plus tôt mais avec une rigueur mathématique plus faible. Il y a peut-être des livres qui traitent du risque neutre en finance (car pas tant de monde a réellement compris ce qu'est le risque neutre, autrement dit une des hypothèses fondamentales sur lesquelles reposent les mathématiques financières), ce genre de choses.

Tu as piqué ma curiosité quand tu a dit que les livres ne t'intéressent pas, je trouve cela assez paradoxal avec le fait d'avoir étudié et de travailler dans un domaine qui est dit "à dominante mathématique".
Peux-tu, rapidement, nous dire comment se fait-il que tu n'aies pas été intéressé par les livres de math?

Du coup que nous conseilles-tu comme journaux de culture financière? Le journal "Investir" par exemple?

Je n'étais pas intéressé par les maths financières, pas par les maths en général. J'ai toujours eu du mal avec les maths financières car je n'arrivais pas à comprendre pourquoi on choisissait cette modélisation particulière. Et quand je n'ai pas une bonne compréhension de la modélisation (car on ne va pas se le cacher, Black & Scholes modélise assez mal mais on le garde car c'est moins compliqué) je ne comprends pas. Ce qui est drôle, c'est que certaines autorités demandent une modélisation Black & Scholes pour simuler une crise et prévenir les risques en fonction, alors qu'on sait que Black & Scholes a tendance à sous-estimer les risques extrêmes financiers.
Maintenant j'étais plus du genre à prendre un livre random à la bibliothèque, à le lire, à écrire au crayon, à faire des simulations sur ordinateur... j'ai passé plus de temps à la bibliothèque qu'en cours car je ne trouvais pas l'ordre ou la présentation des cours logique, même si je prenais leurs supports. Je travaillais rarement sur des livres entiers. Puis en dernière année je commençais à être rouillé en maths par rapport au début aussi.

Pour la culture financière, le plus simple est à mon sens de :
- Naviguer sur Wikipédia pour bien comprendre ce à quoi correspondent chaque classe d'actifs, comment ils sont émis, ce qu'est le marché primaire et le marché secondaire...
- Comprendre quelles sont les modélisations possibles pour pricer une obligation, une action, un produit dérivé...
- Comprendre comment on créé un portefeuille d'actifs financiers, comment se débrouiller pour avoir un bon rapport rendement/risque...
- Et... à partir de là vous aurez les armes pour comprendre le reste.

Il ne faut pas oublier que des bases bétonnées valent mieux qu'un château de cartes. Et oui, Investir c'est du bullshit, et surtout faites-moi le plaisir de ne pas aller sur efinancialcareers pour chercher des infos intéressantes, c'est pas loin du "ouais c'est moi qui gagne le plus et qui finis à 2h du matin tous les jours en prenant un week-end par mois seulement, c'est dur plaignez-moi mais il faut un mental d'acier pour faire ce que je fais".

[D55]

Tu dis qu’on ne fait pas de placement d’actif mais de la modélisation d’actif, cette modélisation aura quel but du coup si ce n’est du placement ?

Ah donc c’est cool tu dois aussi traiter de l’actif dans ton quotidien vu que tout est lié

[Adolorante]

Les modélisations que tu fais peuvent donner des indications sur les placements à faire, mais ce n'est pas toi-même qui gère les actifs. Sans compter que la salle des marchés garde la main sur les actifs que l'entreprise possède. Un actuaire financier peut conseiller de faire plus de rentabilité parce qu'on a de la marge en termes de risques, moins de risques car c'est un peu chaud, il peut pointer le fait que les actifs ne sont pas adaptés aux passifs...
La modélisation et les placements sont deux métiers distincts.

[D55]

Donc le but premier de la modélisation des actifs c’est de faire plus de rentabilité mais sans néanmoins passer le placement de ceux-ci ? ( J’ai cette vision parce que pour moi placement = gagner de l’argent = rentabilité )

[Adolorante]

Non, la rentabilité c'est la salle des marchés qui la gère. En revanche, un actuaire financier peut dire à la salle des marchés qu'on est prêt à accepter plus de risque financier pour chercher de la rentabilité, si ce sont les conclusions de ses modélisations.

[D55]

Okok merci je vois plus claire déjà, merci beaucoup pour tes réponses et le temps que tu nous accordes..