Les ensembles $ F = f([0,1]) $ et $ G = g([0,1]) $, sont compacts, en tant qu'images du compact $ [0,1] $ par les fonctions continues $ f $ et $ g $. Si $ F \cap G = \emptyset $, la distance entre $ F $ et $ G $ est donc un nombre réel $ \varepsilon > 6 \sqrt{2} / n $ pour tout entier $ n $ assez grand. On choisit alors un quadrillage du carré $ [0,1]^2 $ en $ n \times n $ carrés de côté $ 1/n $. Puis, si on colorie en bleu les carrés inclus dans $ F^+ = \{z \mid d(z,F) \leqslant \varepsilon / 3\} $ en rouge ceux inclus dans $ G^+ = \{z \mid d(z,G) \leqslant \varepsilon / 3\} $, alors chaque couleur de carrés forme une zone discrétisée et connexe « par arêtes de côtés » et contenant à chaque fois deux coins du carré $ [0,1]^2 $ situés en diagonale l'un de l'autre ; nos deux zones coloriées sont disjointes, et ne sont même pas adjacentes.
On peut maintenant raisonner par récurrence sur le nombre de carrés rouges et bleus pour montrer que deux telles parties n'existent pas : c'est un processus de rectification un peu pénible mais faisable. Par exemple, on peut supposer que chaque partie se déconnecte ou perd un des coins du carré $ [0,1]^2 $ dès lors que l'on supprime un de ses petits carrés. Le graphe induit est donc sans cycle. Puis, s'il existe deux carrés de même couleur, sur une même ligne ou une même colonne, et séparés uniquement par des carrés incolores, on peut les joindre et supprimer l'autre bout du cycle ainsi formé, gagnant un nombre strictement positif de petits carrés. Ainsi, sur chaque ligne ou colonne, on a une alternance rouge - incolore - bleu - incolore, etc.
Mais alors, si on suit le chemin formé par notre graphe de petits carrés bleus (et en commençant par le carré en bas à gauche), on ne peut jamais revenir vers la droite, sinon on aurait identifié deux carrés bleus sur une même colonne, séparés par des carrés incolores uniquement. De même, notre chemin ne peut jamais redescendre, et le chemin rouge, partant du carré en haut à gauche, ne peut qu'aller vers la droite ou descendre. De là, un théorème des valeurs intermédiaires, dans une version discrète, montre bien l'absurde de notre situation.