aie aie, j'aurai dû m'en douter, le débat dérape un peu.
Revenons sur des choses compréhensibles et palpables et concentrons nous sur les débuts de carrière, pour ne pas faire intervenir la maternité. Un argument qui m'a frappé c'est
Ou alors, peut-être choisissent-elles des branches moins rémunératrices? (je prends l'exemple de mon école: la filière biostat est très féminine, la filière gestion des risques très masculine... et un ingénieur en gestion des risques ne touchera pas le même salaire qu'un biostatisticien)
Cela rejoint deux considérations que j'ai pu faire et ce sur plusieurs années :
- sur les écoles de Grenoble INP que je connais bien, les salaires de début de carrière sont les mêmes pour les filles que pour les garçons, en revanche, entre les écoles de ce groupe (Ensimag, Phelma, Ense3, Esisar, Pagora), les salaires sont différents et les écoles pour lesquelles les salaires sont le plus bas sont les plus féminines; cela rejoint les résultats d'une enquête 2009 de la CGE (voir http://www.cge.asso.fr/cadre_publications.html) en 2009 sur l'insertion: 17% de CDI en moins pour les écoles d'ingénieurs "féminines" (féminines: + de 29% de filles), 5000€ de salaire en moins. Comment expliquer cela? Dans les écoles masculines on trouve pas mal d'école de rang 1, mais aussi les moins cotées des écoles d'informatique (qui casent super bien leurs diplômés
)
- la motivation pour le salaire n'est probablement pas placée aussi haut que pour les garçons. J'ai vu une fille revenir avec son diplôme Ensimag Finance pour faire une année vers la recherche en disant: "même si on gagne un max, ce milieu ne me plait pas: on ne vit que pour le fric, et je veux faire autre chose de ma vie". Autre aspect pour les salaires : dans les secteurs où la demande en ingénieur est forte , on négocie son salaire. Et cette attitude de négociation, naturelle pour les jeunes des écoles de commerce (on n'est pas "commerçant" pour rien
), est probablement le plus faible chez les filles ingénieurs.
Avec 20 d'expérience (contact avec des industriels, moi-même en entreprise) je n'ai jamais vu de discrimination à l'embauche, même pire: j'ai vu une entreprise cherchant désespérément à embaucher une fille pour donner un équilibre à ses équipes. Donc, à ce niveau d'embauche de cadre sur un premier job, je ne crois pas à la discrimination (ceci dit, je n'ai pas l'expérience de la production mécanique, du génie civil, domaines très machos).
Je relis l'enquête CGE citée ci-dessus: en 2009, 13% des jeunes ingénieurs (ceux diplômés en 2008) étaient encore en recherche d'emploi (14% pour les écoles de commerce). Et pour ces 13%, on trouve 11,6% pour les garçons, 16,4% pour les filles. Sexisme? Regardons plus finement : pour les écoles plus masculines on trouve que 10,4% sont en recherche d'emploi, et pour les écoles plus féminines, 18,3%. Et au sein de la première catégorie, la différence est de 2% en faveur des garçons, dans la seconde catégorie elle est de 7% en faveur des garçons.
Donc:
-a- il y a aussi du chômage en sortie de grandes écoles

, meme si c'est marginal par rapport aux autres formation (n'oubliez pas que 2009 est une année de récession)
-b- le problème de la différence de salaires a en partie comme origine que les filles se mettent dans des filières qui ne marchent pas très bien
A vous.