heavenhel a écrit :
Quand l'étude sur les fossiles gabonais est sortie, une phrase du chercheur m'a beaucoup surprise et marquée: "Ces fossiles, d'autres ont dû les voir, . Mais personne n'a voulu croire ou s'intéresser à ce qui ressemble à des fossiles dans des couches aussi anciennes... » Comment des chercheurs ont-ils pu passer la dessus, voir ces "trucs bizarres" et ne jamais se demander et chercher à savoir pourquoi et comment ?
Je ne connais pas l'étude de ces fossiles (et je dois avouer que ça ne m'intéresse pas plus que ça), mais la recherche se fait au sein de projets, souvent avec plusieurs équipes et les budgets sont limités. On est pas toujours libre de suivre ses petites envies pour creuser un peu plus loin, à part si on a beaucoup d'argent, mais j'en doute sur un projet de paléontologie.
Le doctorat sanctionne certes un travail de recherche mais :
¤ il y a des doctorats plus ou moins bidons (mon père électronicien en connait pas mal en électronique, je ne sais pas ce qu'il en est en bio. On peut aussi citer les frères Bogdanov ) ;
Les frères Bogdanov n'ont pas brillé pendant leurs doctorats et la qualité de leur thèse fait débat au sein de la communauté scientifique (je rappelle que l'un des frères a été recalé après son passage devant le jury, ce qui est extrêmement rare: c'était une erreur de le faire passer puisque quand tu passes l'oral, tu es sûr à 99,9% d'avoir ton doctorat).
¤ il ne sanctionne pas ta capacité à évoluer au fil des connaissances ( par exemple Agassiz bien que remarquable géologue n'a jamais pu accepter la théorie darwinienne de l'évolution) ;
Je ne vois pas trop comment tu peux sortir une généralité pareille avec un exemple isolé. Si, le doctorat sanctionne ta capacité à évoluer dans tes connaissances et à faire évoluer la connaissance, puisque c'est le moteur de la recherche (une théorie qui évolue, ou qui est caduque et remplacée par une autre). Mais je suis d'accord avec toi qu'après tes 3 ans, tu n'es pas encore un vrai chercheur. C'est pour ça que les post-doc existent.
¤ il ne présage pas de tes recherches futures ( de leur succès bien sûr mais pour moi ce n'est pas le plus important : on peut avoir tout pour réussir et ne pas y arriver (par exemple il y a des chercheurs dans les 60/70 qui cherchaient le virus du cancer du sein. Ils avaient beaux être brillants il ne pouvaient pas trouver ce qui n'existe pas. D'ailleurs, dès qu'on leur a donner un virus à chercher (le VIH) qui existe ils l'ont trouvé). Mais même au delà de leur succès, il ne présage pas de leur qualité : de ta capacité à travailler sur un domaine un peu éloigner du tien, des moyens qu'on te donnera qui te permettront d'avancer, du fait que les grands pontes croiront en ta thématique de recherche...
C'est marrant cette vision de la recherche: j'y arrive ou pas. Et ben ce n'est pas comme ça: même si l'hypothèse qu'on voulait tester s'avère fausse, ou que l'on n'est pas arrivé ni à prouver que c'est vrai ni que c'est faux, on a fait évoluer la connaissances. C'est pour ça que la recherche se publie, pour qu'ensuite les projets soient repris par d'autres équipes. Les questions que tu te poses sont normales, mais tu as oublié qu'on évolue au cours de sa carrière. On ne sort pas ingénieur d'une école d'ingénieur, ni chercheur d'un doctorat. On le devient par la suite, parce qu'on évolue grâce aux gens que l'on rencontre et aux différentes opportunités.
Un diplôme ne donne pas une garantie à ton employeur de tes qualités, il atteste juste d'une base. C'est pour ça qu'il y a des entretiens, pour juger de l'expérience et des capacités du candidats. Et puis les ingénieur et les chercheurs (ou les deuxà la fois) sont quand même évalués au cours de leur carrière.
Et n'oublie pas que l'ENS n'est pas une boucherie, et que tu auras du temps pour faire tes preuves et faire des erreurs même.