Disclaimer: mon intention n'est pas ici de critiquer la place des maths et de la formalisation dans la recherche en économie (quoique ce soit un débat intéressant), juste de signaler qu'il me semble trompeur de dire que l'éco, en tant que matière enseignée ou sujet de recherche, s'apparente essentiellement à des maths à haut niveau.
D'autant plus que cette conception doit sembler naturelle pour pas mal de gens ici, vu que les contacts que vous devez avoir avec l'économie - anciens camarades normaliens scientifiques / X / étudiants d'écoles de stats, profs typiquement du GENES, théorie des jeux ou maths fi en école, etc...
Cependant, cette population, et ces sujets de recherche, ne me semblent pas représentatifs de la recherche en économie.
D'ailleurs, le niveau en maths moyen d'un doctorant ou d'un prof d'éco ayant été formé à la fac (y compris dans des formations sélectives et réputées) n'est pas forcément exceptionnel, loin de là. Le "bagage minimal" en maths / matières apparentées pour pouvoir faire ce que font la plupart des gens, c'est un niveau en maths d'ECS/BL/D2, complété par de bonnes bases en optimisation sous contraintes, en stats et en économétrie. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il s'agisse de maths de haut niveau.
Pour faire des choses intéressantes en éco théorique, il faut certes un niveau et une aisance en maths supérieurs. Mais très peu de gens ne font que du théorique pur et "original".
Pour ce qui est de l'empirique:
Elaborer un modèle simple en micro ou macro pour motiver une étude empirique demande certes des compétences minimales en maths et de la rigueur, mais pas non plus particulièrement de virtuosité technique ou d'inventivité mathématique si l'on ne sort pas trop de chemins battus. Bien entendu, certains font des choses très techniques demandant un niveau avancé en maths, mais c'est loin d'etre le cas de tous.
Pour ce qui est du travail avec des données, en caricaturant, la bonne compréhension d'un cours de base d'économétrie d'une bonne L3, ou d'un premier semestre de M1 (moindres carrés ordinaires, problèmes usuels, bases sur les données de panel, variables instrumentales... rien de transcendant) peut suffire pour faire énormément de choses, dont des publications dans d'excellents journaux. La sélection d'une question intéressante et d'une stratégie d'identification intelligente priment généralement sur la technicité de l'approche. Bien entendu, des compétences supplémentaires en économétrie sont nécessaires pour traiter des questions un peu plus épineuses et des compétences en "big data" sont très appréciées. De manière générale, un doctorant / jeune chercheur pas très bon en économétrie aura tout de même très envie de rattraper ses lacunes. Mais le quotidien de la grande majorité des chercheurs en éco n'est pas du tout celui d'un mathématicien appliqué. Un chercheur face à une question empirique va passer beaucoup de temps à construire et nettoyer des bases de données avec des logiciels statistiques, à faire des statistiques descriptives, à réfléchir à des questions de méthode et d'identification, à prendre des pauses café, etc... mais pas à "faire des maths".
En tout cas, il y a plein de façons de faire de la recherche en éco, allant de l'histoire des faits et de la pensée économique, ou encore de l'éco comportementale, à des domaines lourds en maths comme la micro théorique (qui est en pratique de l'analyse), les maths fi, l'économétrie théorique (probas/stats), etc... En passant par des choses très classiques comme la macro (pas mal de modélisation mais pas forcément des maths les plus compliquées), l'analyse des politiques publiques, les expériences randomisées en éco du travail / de l'éducation / du développement (elles peuvent sembler anecdotiques mais c'est très à la mode), et plein d'autres choses...
Bref, l'éco a des relations très fructueuses avec les maths et l'info, et des compétences dans ces domaines sont un gros plus dans pas mal de domaines de recherche, mais la recherche en économie ne me semble pas se confondre avec des maths à haut niveau

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En revanche, au niveau des étudiants, la découverte de l'éco formalisée telle qu'elle est enseignée à peu près partout (hors ECE/B/L/quelques autres endroits) peut surprendre, voire décourager. Mais il me semble que l'auteur du sujet a été averti!