Passer le concours ENS en candidat libre (et réussir)

[mathemartin]

Bonjour,

Ce message fait suite à une idée de father dans une autre discussion de partager mon expérience, qui je suis sûr pourra compléter celle d'autres anciens taupins (Valentin Strach de la chaine progresser en maths, ou le témoignage de Abdaloidoud Zouliami dispo sur cpge-paradise.com) qui ont repassé les concours en candidat libre, et afin d'encourager certains à retenter une dernière fois les concours. Cette année j'ai pu échanger avec plusieurs personnes qui ont hésité à retenter où qui n'y ont pas pensé, et qui regrette aujourd'hui de ne pas l'avoir fait, j'espère que ce message saura être formateur pour les futurs candidats.

Pour ma part, je n'ai passé que ENS MP en candidat libre, pas l'X ni les autres écoles d'ingénieurs. Le concours ENS est très exigeant, mais il n'est pas difficile à préparer, car le Français autorise la culture générale et a un poids limité, il n'y a pas d'option (SI ou Info) et peu d'Info Python. Pour ceux qui sont en Licence/magistère de maths, cela peut être très intéressant.

Cette année j'ai donc repassé le concours ENS filière MP en candidat libre, et j'ai été admis à l'ENS de Lyon. Par le passé j'avais fait 2 ans en prépa dans une prépa moyenne (un admis ENS tous les 2 ans en MP*, mais très bons résultats à Centrale-Mines), avant de faire ma 5/2 en double licence ENSAE-Magistère d'Orsay (cf site de l'ENSAE pour vous renseigner sur ce double diplôme très intéressant). Initialement je comptais garder la recherche et l'enseignement en mathématiques dans un coin de mon esprit en arrivant à l'ENSAE, mais je voulais aussi m'ouvrir à quelque chose de différent pour ne pas me fermer de portes (l'ingénierie financière ne me déplaisant pas), même si au bout de quelques mois j'ai fini par être convaincu de poursuivre dans l'enseignement. Voulant aussi prendre ma revanche sur ma désillusion de l'an passé (non admissible pour 0,01 points à Rennes), j'ai voulu retenter les ENS. Notez bien que durant l'année je n'ai pas fait l'impasse sur mes cours à l'ENSAE et à Orsay, car pour moi passer les concours en candidat libre est un défi qui ne devait pas être fait en délaissant mon école, qui m'assurait une poursuite d'études sans encombre en cas d'échec.

L'avantage était que la double licence à Orsay me préparait déjà aux épreuves de maths des ENS, même si en L3 on s'écarte souvent beaucoup du programme de prépa, cela donne une certaine maturité et un regard nouveau sur le cours de SUP/SPE. Je me suis donc concentré sur le français et surtout la physique pendant ma préparation (pour l'anglais, les cours de l'ENSAE étaient également suffisants). Pour la physique, j'ai profiter d'un excellent bagage en SPE pour simplement m'entretenir sur des sujets (écrits puis oraux) et surtout revoir l'entièreté du cours. Pour le Français, je n'ai pas lu les oeuvres par soucis de temps, mais je profitais d'un excellent bagage de mes années de prépa, et j'ai pu faire une dissertation correcte grâce à une très bonne méthode, des exemples de culture générale et quelques exemples des oeuvres que j'avais retenu. Les rapports de jury de français sont un bon outil pour se plier aux attentes (comme dans toutes les matières d'ailleurs). Le vieux dicton "un bon 5/2 a tout fait pour ne pas l'être" s'est appliqué dans mon cas, car j'observe que ma préparation a été grandement facilité par mon travail en 3/2 pour maîtriser le programme.

Administrativement, l'inscription n'a pas posé problème, la statut de candidat libre signifie simplement que le candidat n'est pas en classe préparatoire. Pour le TIPE, contrairement au TIPE CCINP/Mines/Centrale, il n'y a pas d'entretien avec le responsable de l'épreuve pour les candidats libres (déjà évoqué sur ce forum sauf pour le cas ENS).

L'avantage d'être en 5/2, c'est d'avoir une expérience des concours, et une capacité à savoir ce qui n'a pas fonctionné en 3/2 (c'était mon cas en tout cas). En candidat libre, il est possible de donner la priorité à ces imperfections et lacunes pour mieux réussir. Cependant, cela nécessite une grande organisation, et il est difficile de rester motivé dans un environnement où tu es le seul à préparer les concours.

Si certains d'entre vous ont des questions, n'hésitez pas en m'en faire part !

[InfoMum]

C'est intéressant, merci pour le témoignage.
Et bravo pour cette intégration en tant que normalien à l'ENS de Lyon !
Avez vous également passé les seconds concours (fin de L3 pour intégration en M1) de Rennes et de Saclay ?

[father]

Je pense qu il ne le pouvait pas
Sauf à shunter ces 2 ens sur le concours cpge.

Un très grand bravo pour ta réussite à l ens rennes.
Et notamment sur le niveau que tu as su cultiver en physique.
Car bien sûr on fait bcp de maths à l ensae. Et plus encore avec le magistere en sus.

Je pense que c est plus compliqué depuis une mines ou une centrale.

Il y a bien l ens Lyon sans physique mais il faut alors prendre de l info.

Il y a un autre contexte favorable c est le concours info.
Pas de physique mais beaucoup d info et un peu de maths.
Depuis telecom Paris ou l ensimag, ça se tente.
D ailleurs ulm rapporte un cas pour faire sa pub…

[mathemartin]

C'est Lyon et pas Rennes father, mais merci ! J'aurais pris Rennes sans hésiter si je n'avais pas eu Saclay et Lyon.

Et en effet le plus dur a été la physique dans ma préparation (mais c'est ce que j'ai le mieux réussi au final). Comme tu l'expliques, passer les concours en candidat libre depuis l'ENSAE est intéressant : gros cours de probas et d'intégration, et un excellent cours de topologie (analyse fonctionnelle et convexe), dommage de ne pas avoir eu de topo au concours car j'étais très à l'aise, notamment sur les notions d'uniforme continuité, compacité... Comme tu le dis c'est clairement pas une bonne idée de passer les concours en candidat libre depuis Centrale, possible depuis l'ENSTA je pense cependant.

Possibilité comme tu le dis de prendre MI et pas MP (remplace physique par info), une bonne idée pour les élèves avec des facilités en info (et programme moins lourd qu'en physique, même si le niveau en info est très relevé en mp). Je connais un élève cette année qui intègre l'ENS Saclay en info via le second concours. Possible depuis l'ENSIMAG également je pense.

[father]

Il a fait quel genre de l3 pour postuler au 2nd concours en info ?

[mathemartin]

Un élève de Télécom Paris. Pour le second concours math, 4 élèves du magistère d'Orsay ont été admis (3 à Saclay, 1 à Rennes), dont 1 qui faisait la double licence ENSAE-Magistère.

[father]

Merci c'est instructif.
Saclay est plutôt cool de prendre un telecom de 1A pour l admettre directement en M1.
Même si la porte reste très etroite ca confirme que le combo ensae/magistère est une bonne piste.
Sachant qu en bonus, l'ensae a des accords avec 3 des 4 Ens pour une admission en statut étudiant (2+2).

[mathemartin]

Au niveau des accords de double diplômes, celui avec Ulm est impossible à obtenir en math (il faut passer par le concours normalien etudiant, réservé quasiment aux universitaires et étrangers). Par contre très bien réussi en Sciences Cognitives (1 par an). A Saclay et Lyon, on a peu de retour, car personne ne demande ce double diplôme (à quelques rares exceptions qui ne peuvent présenter car elles ne sont pas dans le premier tiers de promo, donc se voient refuser la possibilité par l'ENSAE). Possible selon moi pour Saclay

[father]

Merci c est instructif.
Les sciences cognitives vont en l3 ou m1 direct ?
Faut avoir la vocation.

[mathemartin]

Oui, avoir la vocation, ou un projet très spécifique (il y a plein d'applications en sciences cognitives et neurosciences, en math, IA, sociologie,...).

Les élèves choisissent soit d'aller directement en M1 (pour ceux qui ont déjà une licence), soit font leur l3 dans un autre département (n'importe lequel, meme math).

A partir du M1 c'est un département ou les élèves ont 1/3 de cours obligatoires au sein du DEC (études cognitives), 1/3 obligatoire dans un autre département et 1/3 libre.